« Le Fascisme islamique » interdit en France !

Michel Garroté
Politologue, blogueur
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Michel Garroté - Les éditions Piranha devaient publier la traduction française de "Le Fascisme islamique", le best-seller d'Hamed Abdel-Samad -- auteur germano-égyptien, fils d'imam et ancien membre des Frères musulmans -- le 16 septembre 2016. Mais elles ont fait marche arrière. "Le Fascisme islamique" ne paraîtra donc pas en France. Le refus de publier, l'interdiction de publier, la peur de publier, l'auto-censure, voilà la France de 2016 et son culte républicain du "Padamalgame".
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Et ce, alors que "Le Fascisme islamique" est sorti en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis... Les éditions Pirahna justifient leur lâcheté avec l'allégation qu'elles ne mesurent pas les risques en matière de sécurité, mais aussi qu'elles ne souhaitent pas apporter de l'eau au moulin de l'extrême droite. Quelle ligne défense ridicule, quelle démission ! Stupéfait et scandalisé, Hamed Abdel-Samad répond aux questions du Point (ci-dessous, extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Le Point (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) - Dans Le Fascisme islamique, vous commencez par établir un parallèle entre les mouvements fascistes et les Frères musulmans, fondés dans les années 1920 par Hassan el-Banna. Quels seraient selon vous leurs points communs ?
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Hamed Abdel-Samad - Ce n'est pas seulement les Frères musulmans, mais l'islam politique dans son ensemble. Le premier point commun, c'est l'idée d'avoir été choisi, d'être des gens qui sont supérieurs au reste de l'humanité. Vous pouvez lire ça dans le Coran, où les musulmans sont considérés comme la meilleure communauté n'ayant jamais existé. Allah leur donne une responsabilité particulière d'être ses représentants sur terre. Vous avez ça aussi dans le fascisme : « Nous sommes la race supérieure. » Deuxième point commun : la culture de la mort. Dans les deux idéologies, la mort est glorifiée, car la vie et l'individu ne comptent pas. Ce qui est important, c'est la nation ou la religion. Troisième parallèle : l'idée de combat, le Kampf en allemand et le djihad en arabe. Vous ne vous battez pas pour vivre, mais vous vivez pour vous battre. Le combat, en lui-même est une fin en soi, et pas seulement un moyen pour atteindre des buts politiques. Quatrième point commun : l'idée d'ennemis intérieurs et extérieurs. Pour les nazis, l'ennemi à l'extérieur, c'est l'Ouest, et à l'intérieur, les juifs et l'extrême gauche. Pour les islamistes, c'est les autres. Il y a d'abord eu les juifs, les chrétiens ou les non-croyants dans le Coran, puis ont suivi les croisés, les colonialistes et aujourd'hui l'Occident dans son ensemble. L'histoire est conçue comme une seule ligne directrice, et l'ennemi reste toujours le même. L'Occident sera toujours le mal, c'est immuable. Cinquième point commun : la déshumanisation et l'animalisation de l'ennemi. Le Coran qualifie les non-croyants de chiens, singes ou porcs. Si vous déshumanisez des personnes, vous leur ôtez le droit d'exister. C'est ainsi plus facile de les exterminer en masse sans problème de conscience. Ce que les nazis faisaient très exactement en qualifiant les juifs de cafards ou de rats. Enfin, regardez les buts de ces idéologies. Hitler voulait régner sur la planète entière, être « le maître du monde ». Ces mêmes mots se retrouvent dans les discours d'Hassan el-Banna.
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Le Point - Le monde musulman est aujourd'hui frappé par la violence. Mais l'histoire coloniale ou la géopolitique n'expliquent-elles pas davantage ces fractures que la nature même de l'islam ?
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Hamed Abdel-Samad - Bien sûr, si vous cherchez à comprendre les origines du terrorisme actuel, tout ne vient pas du Coran. Il y a des raisons géopolitiques, et évidemment les États-Unis et d'autres pays occidentaux ont une implication dans les guerres en Irak et Syrie. Mais vous ne pouvez épargner la religion en disant qu'elle n'a rien à voir avec cette violence. Pour en arriver au terrorisme, il faut d'abord une culture favorable, c'est-à-dire qui accepte la violence comme solution politique. C'est, je crois, ce qui se passe dans le monde islamique, car la religion, loin de condamner cette violence, fournit des arguments en sa faveur. Vous avez aussi une violence domestique, dans les familles. Quand un enfant grandit et voit sa mère se faire frapper par son père, il apprend que la violence est la première solution aux problèmes sociaux.
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Le Point - Vous avez confié que votre père battait votre mère, et que vous-même aviez subi des violences enfant. Ne faites-vous pas de votre histoire personnelle une généralité ?
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Hamed Abdel-Samad - Ce n'était pas un cas individuel, mais cela concernait toutes les familles que je connaissais enfant. Ces violences conjugales ne sont pas une petite minorité. C'est un vrai problème culturel, car le Coran encourage le mari à corriger sa femme si elle n'obéit pas. La religion est un moteur dans la façon de concevoir son couple ou d'éduquer les enfants. Son influence est considérable. Une autre raison de la violence dans le monde musulman, c'est l'insécurité des jeunes hommes dans notre époque moderne. D'un côté, on leur enseigne la certitude que l'islam est la vraie religion, que vous ne pouvez pas faire ça car c'est haram et que vous irez en enfer, sinon. Mais de leur côté, ils sont confrontés à la société moderne, libre et multiculturelle. Il leur est difficile de ne pas mordre dans le fruit défendu, mais après ça, ils se sentent coupables, et retournent vers un discours religieux les ramenant en arrière : « Tu es un pêcheur, reviens à Dieu. » La voie express, c'est le djihad. Mourir en tant que martyr, c'est la seule garantie d'aller directement au paradis. Dites-moi pourquoi un être humain voudrait se tuer tout en supprimant des dizaines de personnes comme ce qui est arrivé à Nice ou à Orlando ?
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Le Point - Mais la culture occidentale a elle aussi ses tueurs de masse !
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Hamed Abdel-Samad - Oui, mais il y a des raisons psychologiques qui expliquent ces tueurs de masse. Ce sont des profils qui ont été confrontés à la violence dans leur parcours. À Munich, Ali David Sonboly, le tueur germano-iranien, avait par exemple été la victime d'humiliations à l'école. Mais on ne peut pas trouver ces explications psychologiques chez tous les djihadistes. Ceux qui ont projeté le 11 septembre 2001 venaient souvent de familles riches, sans problèmes psychologiques apparents. C'est l'endoctrinement idéologique, l'utopie dans leur tête qui les a poussés à faire ça. Dans beaucoup de cas de tueurs de masse, le désespoir est la cause du passage à l'acte. Alors que pour la majorité des terroristes islamiques, c'est au contraire l'espoir d'atteindre quelque chose de supérieur. Ils ne sont pas déprimés en commettant les tueries. Au contraire, ils sourient. Ça fait une grande différence.
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Le Point - Quand vous présentez Mahomet comme un chef guerrier menant des purges et qui, aujourd'hui, serait responsable de « crimes contre l'humanité », n'est-ce pas de la provocation ?
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Hamed Abdel-Samad - Non, car ce sont des choses décrites dans les récits islamiques. Mahomet aurait par exemple ordonné en un seul jour la décapitation de 400 à 900 juifs qui s'étaient pourtant rendus. La violence appartient bien sûr à la culture de cette époque. Mais aujourd'hui, s'il venait avec le même message, comme le fait d'annoncer que si vous allez en enfer, votre peau sera brûlée et que vous aurez une nouvelle peau pour sentir la même douleur à nouveau, on le qualifierait de psychopathe et on ne le prendrait pas au sérieux. Or ce message est tellement important aujourd'hui pour deux seules raisons : il est vieux d'un point de vue historique et 1,5 milliard de gens y croient. Si l'islam n'était pratiqué que par un petit groupe, on le considérerait comme une secte.
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Le Point - N'est-ce pas historiquement absurde d'établir des parallèles entre une religion apparue au VIIe siècle dans la péninsule arabique et le nazisme, une idéologie athée du XXe siècle née en Occident ?
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Hamed Abdel-Samad - C'est une question que je me suis posée durant toute l'écriture du livre. Mais l'islam n'est pas qu'une religion, c'est aussi une idéologie politique. Dès les origines, quand Mahomet se rend à Médine, elle est par nature une religion politique, car il n'était pas juste un prophète ou prédicateur, mais aussi un homme d'État, général d'armée, ministre des Finances, juge et policier.
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Le Point - Pour vous, il est artificiel de séparer islam et islamisme. Pourquoi ?
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Hamed Abdel-Samad - J'ai d'abord pensé qu'il était juste de dire que l'islam et l'islamisme sont deux choses bien distinctes. Mais j'en suis arrivé à la conclusion que ce n'est pas rendre service aux musulmans. Il s'est passé la même chose avec le communisme, quand on expliquait que la théorie marxiste est bonne, et que c'est simplement la pratique stalinienne qui était mauvaise. En faisant cela, on ne critique jamais le fond des choses. Qu'est-ce que l'islamisme ? C'est la volonté de contrôler le monde. D'où cela vient-il ? Du Coran et de la pratique du Prophète. Il veut faire de l'islam une religion universelle, quitte à utiliser la violence. L'invention de l'islamisme est dans la naissance même de l'islam. Les frontières entre les deux sont très floues.
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Le Point - En politique, vous ne croyez pas aux « islamistes modérés », comme on a un temps pu présenter Erdogan. L'islam ne serait-il pas compatible avec la démocratie ?
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Hamed Abdel-Samad - Non, tout comme le christianisme ou le judaïsme. Si ces religions détiennent le pouvoir, elles ne sont pas compatibles avec la démocratie. D'abord parce que Dieu est le législateur, et non pas les humains, car il en sait plus que nous. Deuxièmement, parce que la démocratie suppose l'égalité entre tous les humains. Dans l'islam, il y a les humains en première classe – les musulmans –, d'autres en seconde classe – les juifs et les chrétiens –, et puis les non-croyants, qui n'ont aucune place. Enfin, la démocratie suppose une autonomie de l'individu, de son esprit comme de son corps. L'islam intervient jusque dans les domaines les plus intimes, et me dit quand je peux faire l'amour et avec qui. C'est pour ça que les États islamiques ont tant de problèmes avec les droits de l'homme, conclut Hamed Abdel-Samad (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Introduction, adaptation et mise en page de Michel Garroté
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http://amp.lepoint.fr/2059021
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http://www.lepoint.fr/europe/exclusif-pourquoi-le-fascisme-islamique-ne-paraitra-pas-a-la-rentree-03-08-2016-2058839_2626.php
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8 commentaires

  1. Posté par conrad.hausmann le

    Les religions possèdent toutes plus ou moins une propension au fanatisme. Mais pour égrainer du charabia elles sont toutes au même niveau. Quand nous disons que l’écologie est devenue une religion… Tout est dit.

  2. Posté par Anne Lauwaert le

    le catholicisme est une théocratie: un vrai catholique doit obéir 1° aux commenements de Dieu et 2° aux commendements de l’Eglise – et c’était comme ça pour tous les catholqies avant Vatican II, j’ai encore connu ce genre de catholqies – depuis les églises se sont vidées et chacun fait ce qu’il veut

  3. Posté par Myrisa Jones le

    Un autre livre qui pourrait être suggéré aux membres du CF et du CN!
    Car à la vitesse où la migration musulmane arrive en Suisse, nous serons prochainement confronté au droit musulman, considéré comme supérieur au droit des pays démocratiques.

    Code pénal arabe unifié de la Ligue arabe : les sanctions en droit musulman
    Publié le 5 août 2016 – par Sami Aldeeb
    Vient de paraître chez Amazon mon ouvrage intitulé:

    Les sanctions dans l’islam: avec le texte et la traduction du code pénal arabe unifié de la Ligue arabe, Createspace (Amazon), Charleston, 2016, 240 pages : Amazon.

  4. Posté par It's only rock'n roll le

    un livre banni en France? Un peu comme Mein Kampf en Allemagne. Mais même là-bas c’est authorisé. Le gouvernement de Hollande une mauviette alors? Pas nécessairement: la France a peur, l’Etat islamique a gagné la manche.

  5. Posté par Vautrin le

    Hum, ami Sancenay, je suis un peu désolé de vous rappeler cette sentence de Paul de Tarse : « non est potestas nisi a Deo » (Romains, 13,1), il n’est de pouvoir que de Dieu, l’ordre social et donc le pouvoir est voulu par Dieu. Cette conception n’a été contestée qu’à partir du XVIIe siècle; Hobbes lui a porté un coup décisif en dissociant l’ordre social de l’ordre naturel. Il est vrai que le philosophe anglais est aussi l’inventeur de la fiction d’un état de nature primordial avec lequel les humains auraient rompu en « décidant » de faire de la société; Idée qui fera florès, comme on le sait, au XVIIIe Siècle avec Rousseau (Du Contrat Social).
    Remarquons que la formule de Saint Paul contredit la parole du Christ : « redde Caesari quae sunt Caesaris et quae sunt Dei Deo ». C’est en principe l’aggiornamento effectué par l’Église à partir du XIXe Siècle, ce me semble : le temporel aux hommes, le spirituel à Dieu. Encore ne suis-je pas sûr que cette séparation soit toujours bien nette, mais quoi qu’il en soit, elle suffirait à elle seule à distinguer la Chrétienté de l’islam. Il y a d’autres distinctions, comme nous le savons, tout aussi fondamentales.
    Je pense, néanmoins qu’Hamed Abdel-Samad fait une analyse assez fine du totalitarisme musulman.

  6. Posté par Sancenay le

    Il aurait du s’arrêter à ce qu’il estime connaître de près .Car pour la religion catholique, il n’y connaît vraiment rien.Pour faire court, Dieu ne saurait être en rien « le législateur » depuis le paradis perdu.Et même avant, la question ne se poserait pas en ces termes.

  7. Posté par Amokrane le

    Je pense que l’auteur est bien placé pour savoir tout ce que dit la litterature de l’islam du point de vue académique.

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