Il y a des déclarations qui commencent à me hérisser le poil. Celles qui déclarent que Dieu est amour, qu’il veut la paix, qu’il veut voir l’harmonie régner parmi les hommes. Qu’en savent-ils, les auteurs de ces déclarations ? Sortent-ils d’un bureau où ils se sont entretenus avec Dieu ? Thomas d’Aquin estimait que nous pouvons dire que Dieu existe, mais pas ce qu’il est ni ce qu’il veut. Sa nature et sa volonté nous échappent, au moins en partie. Heureusement d’ailleurs parce que sinon, cela voudrait dire qu’on pourrait se mettre à sa place. On raconte qu’un certain Satan a essayé de le faire et que bien mal lui en a pris. Il a été précipité dans un abîme de ténèbres comme l’a écrit John Milton.
Les porte-paroles de Dieu abondent aujourd’hui. En Occident ils disent que Dieu veut la paix – en Orient qu’il veut la guerre. Comme Popeye qui se gavait d’épinards pour faire gonfler ses muscles, ils se gavent de discours sur la volonté de Dieu pour pleurer sur la paix dans quelque église ou, à l’inverse, se gavent de volonté divine pour recharger leurs Kalachnikovs. On s’adosse facilement à un tout-puissant pour se donner la force qu’on n’a pas lorsqu’il s’agit de promouvoir la paix ou la guerre !
On voit tout de suite que si les porte-paroles de Dieu se multiplient nous n’aurons pas une guerre civile mais une guerre de religions, comme le craint le Pape. Rien ne fortifie plus un guerrier ou un croisé que le sentiment qu’il obéit au Tout-puissant. « Gott mit uns » disaient les valeureux soldats allemands dans une guerre idéologique qui ressemblait fort à une guerre de religions. En face d’eux, ils avaient des Russes au courage stupéfiant et, parmi ces Russes des centaines de milliers de femmes qui, comme l’a noté Svetlana Alexievitch, étaient « animées d’une telle foi que, de la mort au combat, elles attendaient la vie ».
Le sacré n’est pas un Disneyland pour bisounours. Le livre de Rudolf Otto sur ce thème en témoigne puisqu’il définit le sacré comme une « expérience non-rationnelle dont l’objet premier et immédiat se trouve en dehors de soi ». Le soi est quantité insignifiante dans le cosmos et parmi des millions d’autres petits soi. Il faut donc le renforcer et c’est là que Dieu devient très pratique, comme les épinards pour Popeye. En se déclarant son porte-parole ou son envoyé, on gonfle ses muscles.
Mais est-ce Dieu ou le Vieux serpent qui nous propose des épinards ? Satan, en effet, suggère à Adam et Eve que, s’ils croquent la pomme (pas vraiment des épinards mais presque), ils « seront comme des dieux » (Genèse 3,4). Il a bien compris combien nous souffrons de la petitesse de notre moi et, plein de compassion, nous propose de l’agrandir aux dimensions de l’univers. Dans le fond, Satan est très gentil.
Après avoir donné sa définition du sacré, Rudolf Otto précisait qu’en faire l’expérience était « terrifiant ». Probablement parce que mesurer l’insignifiance de son moi, effraie tant que nous sommes prêts à tout pour échapper à ce noir abîme de déréliction.
C’est à ce point qu’il faut faire attention en songeant à la manière dont le Christ se comporte devant ses disciples quelques heures avant sa crucifixion. Ceux-ci s’attendent à voir sa gloire de Messie rayonner sur la terre entière. Ils voient en lui un souverain terrestre devant qui le monde entier va faire des génuflexions. Et voilà qu’à leur profonde stupéfaction, il leur lave les pieds. Ils sont plus que stupéfaits, ils sont scandalisés. Celui dont ils attendaient qu’il devînt leur roi, se comporte en misérable serviteur.
Par son geste, le Christ rappelle qu’il faut faire attention avec le Vieux serpent. Il rappelle qu’au moment où nous sommes sur le point de faire gonfler notre moi en se disant porte-parole d’un Dieu bon ou méchant, il faut prendre du recul.
Aucune religion n’est une recette pour la paix ou la guerre. Il est certain en revanche que lorsque les porte-paroles de Dieu se multiplient, qu’ils parlent d’amour ou de haine, nous nous rapprochons d’une guerre.
Pas besoin d’être spécialement religieux pour se rendre compte que notre Créateur nous a offert un monde PARFAIT. Il suffit d’ouvrir les yeux, de regarder autour de soi et de voir la perfection de la nature et des animaux. Notre Créateur nous a donné un monde d’une richesse infinie. C’est une corne d’abondance. Il y aurait suffisamment de nourriture pour nourrir tout le monde. Et suffisamment de terres pour que chacun ait son espace.
En nous plaçant au centre de tout, en manquant de l’humilité la plus basique, en voulant toujours plus de pouvoir, de contrôle et de biens, nous créons nous-mêmes les conditions de notre agonie.
Depuis que le monde existe, il y a eu extrêmement peu de périodes sans guerres.
Rien à voir avec le Créateur…
Et non, les « croyants » ne sont pas tous des bisounours dégoulinant de bontitude crétine qui édulcorent et magnifient.
Ce ne sont pas non plus tous des va-t-en-guerre allumés, forcenés et jusqu’auboutistes.
Mais c’est vrai qu’il y en a. Et qu’ils nous « cassent le boulot » à force de donner de nous une image aussi peu crédible et autant à côté de la plaque.
On ne peut pas nier l’héritage et le patrimoine. Juste pour avoir l’air détaché, zen, intelligent.
Et ceux qui reviennent aux choses essentielles et se disent qu’ils ne veulent plus de valeurs aussi pourries que celles d’un monde qui ne prêche que la puissance des ultrariches et l’esclavage des citoyens, peuvent bien rêver d’autre chose que d’un monde à feu et à sang.
Le rêve est permis. Que je sache. Face aux nihilismes en tout genre, je choisis l’espérance.
C’est précisément le choix qu’on fait quand on est…
désespéré…
Incroyable ! J’évoque la « recette » dans le commentaire du discours d’Enoch Powell, juste à l’instant !
Monsieur Marejko met dans le mille ! Il n’est pas seul à avoir le poil hérissé ! Et en plus leur « Jésus t’aime » sur t-shirts est d’une bisounourserie à vomir.
« Que celui qui a des oreilles pour entendre entende. » Pas de service social pour consoler les autres. Ces paroles sont écrites six fois. La dernière est bien gratinée. Elle vient juste après le jugement concernant le sel qui perd sa saveur : « il n’est bon ni pour la terre, ni pour le fumier ; on le jette dehors. »
« On s’adosse volontiers à un tout-puissant… » Au même titre qu’on peut adhérer à un parti ou à un club ! Pour être ! C’est incroyable ce que l’on peut faire, et payer, pour être. Sans jamais être comblé ! Ça fait aussi marcher le commerce, religieux ou profane. Ici prennent sens ces paroles : « Celui qui voudra sauver son âme la perdra. Et celui qui la perdra (ici ça se corse) à cause de moi et du royaume la trouvera ». Maintenant, au lieu d’âme, je lis « une belle image qui me convienne » ! Quant à la perdre, c’est une chose que nul ne peut fabriquer ! A cet égard le chrétien est très mal barré. Surtout le téléphoniste en ligne directe avec Dieu. Mais ce sera tout. J’aurais pourtant aimé vous faire rire.
Dieu, c’est le hasard quand il fait bien les choses: il a créé l’homme en 3,5 milliard d’années, et le résultat n’est même pas encore entièrement compris par les scientifiques. Il a créé Jésus Christ.
Allah (=Satan), c’est le hasard quand il fait mal les choses: Hérode, Mahomet, Hitler, Erdogan.
c’est quoi cette théorie? Dieu veut le bien de l’humanité, point. certaines personnes interprètent mal la chose, c’est un fait… vouloir la paix, pour un chrétien c’est la base, rien n’empêche d’appliquer le viel adage « si vis pacem, para bellum »… Bon tout ça c’est bien, après je ne comprends pas l’amalgame ni avec Thomas d’aquin ni avec les soldats du reich ni avec les croisades.: Thomas a énoncé des principes qui ne contredisent point les béatitudes, les SS affichaient un prétexte mensonger, l’idéologie nazie étant païenne, les autres combattaient pour la libération des lieux saints, les croisades n’étaient pas une guerre d’évangélisation… Rien à voir avec l’idéologie islamique(ste) 😉