Du Politburo aux polyphonies, de l’évolution dans le discours socialiste

Yvan Perrin
Ancien Conseiller national

Alors que la question du burkini sur les plages agite la France, nous avons nous aussi un riche débat au sujet d'un autre archaïsme, à savoir la burqa. En effet, une initiative a été lancée demandant l'interdiction de se dissimuler le visage sur la voie publique. Il était évident pour tout le monde que la gauche pousserait les grands cris, comptant dans ses rangs nombre de gentils militants travaillant à l'avènement du socialisme en saccageant tout ce qui passe à leur portée. Fort de cette vision universaliste, un candidat socialiste aux dernières élections fédérales est allé à Paris pour apporter son concours à ses camarades casseurs en lutte contre le gouvernement, de gauche lui aussi. Mauvaise idée, l'homme a été grièvement blessé, selon toute vraisemblance par un projectile tiré dans son dos, c'est-à-dire venant de ses propres rangs. Dommage. Heureusement, les Jeunes Socialistes ont fait savoir que ce mercenaire idéaliste ne faisait qu'exercer ses droits démocratiques. Oui, pour la jeunesse rose, casser est un droit démocratique.

Vandales de tous les pays, unissez-vous !

Etonnamment, il s'est trouvé dans les rangs socialistes quelques personnalités d'envergure qui ont eu le courage de faire savoir qu'ils ne combattraient pas cette initiative, tels les Conseillers d'Etat Mario Fehr et Pierre-Yves Maillard. Cataclysme ! Voici que certains camarades expriment leur opinion personnelle sans l'aval du Politburo. Dans les rangs de Christian Levrat, une telle dissidence ne saurait rester impunie. Hélas, le discours d'ordinaire bien aligné est cette fois-ci parti dans tous les sens. Les camarades vaudois, déjà divisés sur la Loi sur le Renseignement, ont montré à quel point la question de l'Islam les perturbe comme j'avais déjà eu l'occasion de le signaler ici-même.

Nous avons ainsi eu la vision de la Conseillère aux Etats Géraldine Savary pour qui ce n'est pas le texte le problème mais bien sa provenance, à savoir la mouvance UDC. Je dois avouer que la chose ne me surprend guère, ayant eu à Berne une expérience du même type alors que je sollicitais le soutien d'un camarade genevois en vue de déposer une motion susceptible d'améliorer la protection des femmes battues. L'homme n'a lu que mon nom, ne pouvant bien évidemment signer un texte dont j'étais l'auteur.

Autre poids lourds vaudois au Parlement, la Conseillère nationale vaudoise Cesla Amarelle et sa caisse de résonnance Ada Marra ont aussi donné de la voix. L'argumentation est imparable. Cette initiative est inutile et discriminante, il suffit d'appliquer sans faiblesse l'article du code pénal concernant la contrainte. Bon sang, mais c'est bien sûr ! Mais que n'y avons-nous pas pensé plus tôt ! Il suffit d'inviter une victime de l'obscurantisme à expliquer qu'on l'oblige à porter l'étouffante tenue et le tour sera joué, la femme pourra ensuite s'émanciper. A ceci près qu'une telle démarche ne manquerait pas de valoir de graves ennuis à celle qui la lancerait au péril de sa vie. Le contrôle de l'homme sur la femme tel que l'Islam l'impose vise justement à ce que cette dernière ne puisse sortir de son isolement. De tels propos relèvent au mieux d'une ignorance profonde, au pire d'une insulte à ces femmes que la religion efface, mettant en évidence le fait qu'elles n'auraient pas le courage d'engager la procédure visant à quitter leur prison.

Toujours au sein du PS vaudois, décidément riche en talents, on a aussi eu un vibrant appel de Jean-Christophe Schwaab qui ose rappeler les journalistes à leur fonction de propagandistes aux ordres de son parti. En effet, les médias n'auraient pas martelé avec suffisamment de vigueur que l'UDC est hostile aux femmes. Etonnante spontanéité du personnage qui met ainsi clairement en évidence la façon dont l'opinion est façonnée dans notre pays. En Corée du Nord, Jean-Christophe Schwab ferait un remarquable Commissaire du Peuple à l'Information.

Au terme de quelques jours de silence, le Grand Chef a fini par rendre son oracle. Il convient de dire non à la burqa et à l'UDC. On ne le savait pas si souple à faire pareil grand écart. Dire non à la burqa revient qu'on le veuille ou non à admettre que l'UDC n'a pas tort sur ce sujet. Fâcheux. Ceci dit, un lapsus injustement passé inaperçu dévoile les réelles pensées de cet homme acquis au double discours cher à Tarik Ramadan. Dans une interview parue ce jour, Christian Levrat fait savoir que "la burqa est excessivement rare en Suisse". Excessivement ! Il n'y en a donc pas assez. Chacun appréciera.

Avant de se lancer dans la controverse, les camarades auraient dû se souvenir des mots de Gondi, Cardinal de Retz : "On ne sort de l'ambiguïté qu'à son détriment". Tant mieux !

 

La Côte-aux-Fées, le 17 août 2016                                                        Yvan Perrin, président UDC-NE

8 commentaires

  1. Posté par Alain le

    Merci M. Perrin excellent article !

  2. Posté par Loulou le

    Ivan Perrin se trompe: l’écrasante majorité de ces femmes ne portent pas le voile par contrainte mais par choix. Il oublie que ce sont les femmes musulmanes qui mettent au monde de petits musulmans et en font de « bons musulmans ». Elles affichent leur islam, le jettent à la figure des « impurs », c’est tout.

  3. Posté par Christian P le

    Excellent article comme toujours monsieur Perrin.

  4. Posté par marguerite le

    Tant que les musulmans ne font pas une purge au sein de leur croyance et qu’ils ni ne prennent position claire ni ne rejettent ouvertement les actes terroristes pratiqués contre les populations européennes il N’Y A AUCUNE RAISON D’ACCEPTER LA BURQUA CHEZ NOUS !

    Ce que M. Levrat ou Mme Amarelle pensent ne nous intéresse pas, ce ne sont que des petits soldats mondialistes déjà morts-vivants, et je suis certaine que s’ils vont en vacances dans des pays musulmans, ils ne vont pas aller à la plage en string !

  5. Posté par Pierre le

    Autrefois, la droite défendait les possédants et le PS la classe ouvrière, ou au moins faisait semblant.
    Maintenant que celle-ci a en grande partie disparu sous d’autres cieux et qu’un bon bout du reliquat vote UDC, ce malheureux parti doit impérativement se trouver une autre clientèle: les immigrants et la cohorte des « travailleurs » sociaux associés pourraient en être une, mais cela soulève toutes sortes de contradictions qui menacent la cohésion du Parti. Comme celle entre une immigration massive d’une part et le renforcement de la concurrence entre travailleurs ou la pression sur l’immobilier d’autre part.
    D’où les contorsions amusantes des chefs du PS… On en redemande!

    On a vu ça chez les « Verts » il y a quelques années lorsque leur direction a sèchement remis à l’ordre deux conseillers nationaux qui avaient osé poser, avant Ecopop, la question du lien entre population et dommages environnementaux. Qui reste posée, sous le tapis pour le moment.

  6. Posté par G. Vuilliomenet le

    Il faut aller lire les propos du Hauptführer du Parti Socialiste Suisse dans la Liberté d’aujourd’hui:

    https://www.facebook.com/793113944144556/photos/a.873354862787130.1073741828.793113944144556/955045367951412/?type=3&theater

    Vous trouverez également un argumentaire de choc du Fribourgeois:

    « Non, et tout d’abord parce que les initiants sont infréquentables. » et il cite un certain nombre de points sur lesquels l’UDC ne partage pas ses vues. Apparemment, si vous êtes contre le droit à l’avortement ou contre l’éducation sexuelle à l’école, vous êtes infréquentable.

    Vous parlez du Politiburo! Voici ce que l’on peut également lire dans l’article de La Liberté:

    « Là encore, les réactions des camarades du canton ne se sont pas fait attendre: selon la RTS, certains ont même clamé qu’ils refuseraient leurs voix à Pierre-Yves Maillard lors des prochaines élections cantonales. »

    On constate, j’allais dire tristement mais en réalité ce doit être dans les gènes du socialisme, combien ce parti a un esprit obtus, pour ne pas dire totalitaire. Faut-il s’en étonner? Le parti nazi était d’essence socialiste. Mussolini était socialiste (et anti-communiste). URSS signifiait Union des républiques socialistes soviétiques.

  7. Posté par Jean B le

    Tout ça, c’est du réchauffé, de la bouillie cuite et recuite genre mai 68, avec des slogans prépubertaires à la : « Il est interdit d’interdire » ou « Sous les pavés la plage », etc., etc.

    Faut un peu grandir, les bisounounours, le militantisme forcené à la « Je fonce dans le mur et je vais faire la révolution » ne fera pas de vous de grands Che mais seulement de minables petits Robespierre assoiffés de Terreur…

    Et vous devrez un jour rendre des comptes à la nation.

    Détrompez-vous, vous n’êtes pas en train de « faire l’Histoire », vous êtes en train de la défaire.

    Vous n’êtes pas des gens responsables et dignes, vous êtes juste des petits revanchards frustrés et hargneux, et votre « roquet attitude » et vos enfantillages feraient même pitié à voir s’ils n’était pas aussi criminels…

Et vous, qu'en pensez vous ?

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