Le Brexit et ses véritables conséquences
Richard Haddad reçoit John Laughland, Directeur des Etudes de l’Institut de la Démocratie et de la Coopération pour évoquer le Brexit.
La situation avant le Brexit
Adhérent à l’Union Européenne depuis le 1er janvier 1973, le Royaume Uni a constamment définit cette adhésions comme une association et non comme comme une intégration.
La première grande crise entre le libéralisme anglais et la volonté d’une plus grande intégration économique et politique de l’Europe eut lieu en 1979, en raison du projet de système monétaire porté par Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt. Le gouvernement Callaghan refusa au nom de la souveraineté nationale anglaise d’engager son pays au sein de ce projet. Dès lors, toute entreprise européenne du renforcement de l’intégration de ses pays membres s’est heurtée au refus anglais, selon une idée clairement exprimée par Thatcher lors d’un discours au Collège de Bruges en 1988 : « Nous n’avons pas réussi à faire reculer les frontières de l’État en Grande-Bretagne pour qu’on nous les réimpose au niveau européen, par le biais d’un super-État européen exerçant sa domination depuis Bruxelles ».
Le Royaume-Uni constitue ainsi, en terme de statut, une exception au sein de l’Union européenne : rabais sur sa contribution au budget européen, non-soumission à la convention de Schengen, refus de la Charte des Droits Fondamentaux de l’UE, refus d’adopter la monnaie unique… Tout un ensemble de mesures qui traduit les concessions exceptionnelles que les membres de l’Union lui ont accordé au fil des traités, jusqu’à donner naissance à une Union à géométrie variable.
L’arrivée au pouvoir du gouvernement conservateur de Cameron en 2010 a marqué un nouveau tournant dans le cadre des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne. Dès les premiers temps de son élection, le Premier ministre a mis en place un « verrou législatif », conditionnant tout abandon de prérogatives supplémentaires à Bruxelles à la tenue d’un référendum. L’hostilité britannique traditionnelle à l’État européen prenant ainsi une forme inédite du fait du caractère systématique et obligatoire d’une mesure qui isole, une fois de plus, l’île du continent.
Mais le symbole absolu du changement de paradigme politique demeure la décision de David Cameron de mettre son veto à la réforme du traité de Lisbonne, lors du Conseil européen de décembre 2011. Aucun gouvernement britannique depuis l’entrée du pays dans la CEE en 1973, pas même celui de Thatcher, ne s’était ainsi ostensiblement et délibérément mis hors jeu en se retirant des négociations. La réforme devait permettre de contrôler plus étroitement les budgets nationaux en réponse à la crise des dettes souveraines de la zone euro, refus d’autant plus incompréhensible pour les partenaires européens du Royaume-Uni que ce dernier ne fait même pas partie de la zone euro.
Ce coup de semonce du gouvernement marque le début de la tentative de reconquête britannique de ses prérogatives nationales, promise par Cameron à un électorat de plus en plus eurosceptique.
Si, sur le continent, l’Angleterre achève de compléter son isolement, le gouvernement Cameron est, quant à lui, mis en difficulté par la frange la plus conservatrice du Parlement, réclamant plus d’autonomie à l’égard de l’Europe. Pas moins de 95 députés britanniques ont écrit au Premier Ministre pour réclamer que la Chambre des Communes et du Parlement puisse mettre son veto à toute législation européenne existante et future. Logiquement conforme aux décisions antérieures du gouvernement Cameron, un tel dispositif permettrait au Royaume-Uni de s’affranchir à tout moment de lois européennes ne lui convenant pas.Le référendum sur le Brexit
La question du référendum sur le Brexit était incluse dans le discours du Trône du 27 mai 2015. Il était dit à l’époque que David Cameron prévoyait d’organiser le référendum sur le Brexit en octobre 2016 mais le European Union Referendum Act est déposé à la Chambre des communes dès le lendemain.
Lors de la seconde lecture le 9 juin, le texte est adopté par 544 pour et 53 contre et seul le SNP s’y oppose. À la différence d’Ed Miliband, la chef intérimaire du Parti travailliste Harriet Harman adopte une position favorable à l’organisation du référendum qui sera fixé au 23 juin 2016.
David Cameron ainsi que le Parti travailliste, le SNP et les Libéraux- démocrates font campagne pour le maintien. L’aile eurosceptique conservateur, menée par Boris Johnson, l’UKIP et beaucoup du Parti travailliste font campagne pour la sortie de l’Union européenne (le brexit).
Malgré une campagne d’intimidation et de menaces des europhiles, malgré les pressions et les prédictions catastrophiques des media et des dirigeants européens, le non l’emporta à 51,9 % avec une forte participation, démentant ainsi les sondages précédant le vote qui donnaient tous le oui gagnant largement.
Une deuxième campagne médiatique européenne fut lancée après le vote du Brexit prévoyant un avenir catastrophique pour le Royaume Uni, mais quant est-il réellement ?
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