Peter Hug est fort marri. Secrétaire politique au Parti socialiste suisse, en charge des affaires internationales, le pauvre homme déplore le fait qu'une manifestation organisée par ses camarades et quelques autres ait été perturbée par des individus plus à gauche qu'eux. L'intéressé ajoute qu'il est fâché dans la mesure où les organisateurs ne voulaient pas que certains extrémistes s'accaparent la manifestation, reléguant au second plan les valeurs défendues par les socialistes comme les droits humains et la démocratie. On comprend le désarroi du personnage qui avait pourtant pris ses précautions plusieurs jours avant la manifestation en invitant les milieux antifascistes à respecter les règles établies par les organisateurs. Hélas, les traîne-savates qui égaient régulièrement les nuits bernoises depuis leur bauge en ont décidé autrement. Les perturbateurs se sont donc rassemblés devant la trop célèbre Reitschule un peu avant la manifestation officielle pour se diriger vers la Place fédérale, ceci bien sûr sans autorisation. Cela leur a permis de brandir une banderole invitant en anglais à tuer Erdogan avec ses propres armes. Effet garanti même si manifestement la banderole litigieuse n'était pas aussi visible qu'on le prétend. Orateur du jour parmi d'autres, le président de l'Union syndicale suisse et Conseiller aux Etats socialiste Paul Rechsteiner n'a rien vu. Il était sans doute trop occupé à lire son discours consacré aux droits fondamentaux avant de s'en aller sans trainer. Courageux mais pas téméraire.
Plusieurs conclusions s'imposent au vu du déroulement de cette manifestation. Tout d'abord, le Parti socialiste connait mal ses cousins casseurs puisqu'il les imagine respecter la moindre règle. D'ordinaire tolérés voire soutenus par la gauche, ces énergumènes sont tout de suite moins séduisants lorsqu'ils perturbent une manifestation organisée par cette même gauche. Très inélégant de leur part aurait dit Churchill. On constate également qu'un bienfait ne reste jamais impuni puisqu'avec un bel enthousiasme, la gauche du canton de Berne et quelques autres ont choisi d'invalider l'initiative UDC visant à baisser les montants perçus par la ville au titre de la péréquation. Il est vrai que l'idée était de compliquer le fonctionnement de cet abcès purulent, chose intolérable pour le PS. Pour terminer, relevons que Paul Rechsteiner a manifestement mauvaise vue, lui qui est le seul à qui la banderole a échappé.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. Malgré la posture humiliante adoptée par notre Ministre des Affaires étrangères face à son homologue turc en fin de semaine, la Sublime Porte n'a pas apprécié et l'a fait savoir à notre ambassadeur à Ankara, exigeant que les coupables soient traduits en justice. Manifestement, les autorités turques ne sont pas au courant qu'en Suisse, seule l'extrême-droite peut se rendre coupable de débordements. Lorsqu'il s'agit d'extrémistes de l'autres bord, on appelle leurs ravages lutte contre une société répressive, oppressive et impérialiste. But louable donc. Pour bien enfoncer le clou, Erdogan vient de nous informer que nous allions récolter ce que nous avons semé, ceci à l'occasion d'un discours. Rien de bien neuf puisque le personnage avait déjà fait savoir que si l'Europe persistait dans son attitude hostile à la Turquie, plus personne ne serait en sécurité au sein de l'Union.
Revenons à Churchill dont les mots servent de titre au présent billet. Cette citation semble avoir été écrite pour notre Chef du DFAE. En s'aplatissant devant la Turquie au motif qu'il fallait garder le contact en vue d'éventuels bons offices lorsqu'il sera temps de détendre la situation, Didier Burkhalter ne fait que reprendre la posture de Chamberlain parti sauver la paix à Munich en 1938, avec le résultat que l'on connait. Espérer contenter le despote du Bosphore par des concessions sans cesse plus importantes n'est qu'une chimère. L'appétit vient en mangeant et tant qu'il gagnera, Erdogan continuera de jouer. Hélas, il a trouvé chez nous un partenaire pour s'asseoir à sa table. En attendant d'être mangé.
La Côte-aux-Fées, le 26 mars 2017 Yvan Perrin, président UDC-NE
Merci monsieur Perrin pour votre article comme toujours très pertinent et que trop vrai, mais je vous avoue être fatiguée de l’UDC, dont je suis membre. Beaucoup trop de théories, des protestations, mais de moins en moins d’actes concrets. Nous, à UDC avons compris depuis longtemps que notre pays est en danger….mais nos dirigeants font quoi, rien!!! Oscar Freisinger a été jeté, comme un malpropre au pays des magouilleurs. C’est pourtant le meilleur! J’ai pas vu un article sur l’éléction crapuleuse en Valais. On soutient donc pas les nôtres. Je suis dégoutée! Continuez d’écrire, car c’est chaque fois un plaisir de vous lire.
Vous rappelez-vous l’affaire Khafafi avec Hans Rudolf Merz?
https://www.rts.ch/info/suisse/1056846-affaire-kadhafi-hans-rudolf-merz-s-est-excuse.html
Beurk haleter va se coucher comme une serpillière face à Erdogan. Je pense même qu’une serpillière a plus de tenue que ces insignifiants qui nous servent de cons-seillers fédéraux.
Lorsque nous comparons comment nous traitons nos responsables politiques aujourd’hui en comparaison à ce qu’il en était il y a une trentaine d’années où personne n’aurait osé maltraiter, insulter nos élus, il faut croire que le peuple montre son total mépris de ces sinistres personnages.
Je constate que la pause « médicale » de l’auteur a renforcé sa prose ….sauf que la Suisse étant un pays souverain et neutre, si autorisation de manifester a été donné…chacun peut y participer avec ses petites « bêtises » écrites en couleur, dessin à l’appui, ce qui pour qui vous savez est fort contrariant, mettre la quasi totalité de l’intelligentsia hors d’état de nuire est juste une petite entorse à la soi disant démocratie du nouveau pacha au palais de 1000 pièces. Pour être juste, je me joints à l’indignation , toute honte bue , de l’auteur concernant le comportement de notre miniiistre DFAE , bon en Turquie les tapis sont de toute beauté et si doux que ce n’est pas un acte si pénible que de ramper …..
En Suisse, les réfugiés politiques et les requérants d’asile n’ont pas le droit d’avoir des activités politiques.
Les réfugiés qui manifestent devraient être privés de leur droit d’asile.
@Paul Emile – Si je vous comprends bien, il s’agit de faire la part des choses, de tenir compte, notamment, des obstacles auxquels l’UDC est confronté. Vous avez tout raison, et je ne l’oublie pas. A la réflexion, peut-être qu’une « Weltwoche » romande permettrait une vue plus globale et plus juste des choses. Par ailleurs, quelqu’un m’ayant « avoué » – comme en confidence – être membre de l’UDC, je crains qu’un nombre considérable de ses membres et sympathisants pratiquent l’auto-censure, ce qui ne manque pas d’ajouter aux obstacles.
Comme pour le billet de Céline Amaudruz, je ne peux que constater que l’inaction reprochée à l’UDC doit à l’hostilité des autres partis. La non mise en application de l’initiative contre l’immigration de masse en est un exemple. L’UDC fait son travail mais à 30%, elle est encore loin de faire une majorité à elle seule.
J’apprécie la verve de M. Perrin. Cependant, comme l’a si justement dit un commentateur du billet du 24.03 de C. Amaudruz : « nous attendons autre chose (de l’UDC) que des paroles et de articles sur des blogs (…) »
Tout-à-fait d’accord avec Claire, mais quand donc nos autorités le comprendront-elles ou plutôt l’accepteront-elles et l’avoueront publiquement ? That is the question !
Superbe. Merci M. Perrin.
Cela me fait mal de le dire, mais les gauchistes traînes-savates ont eu du courage (bien malgré eux, évidemment). Ils ont lavé (mot honni par ces pouilleux cradocs) l’honneur face à la langue brune et nauséabonde sentant le chiotte turc de notre cher ministre. D’ailleurs on n’entend plus ce dernier.
Merci!
Les dirigeants européens et leur coûteuse passoire de frontière de Schengen se sont mis sous la dépendance de la Turquie et de son Sultan Erdogan qui disposent d’un arme fatale de destruction massive, l’arrêt du contrôle des migrations sur son territoire.
Si la Suisse neutre fait l’erreur de permettre à un parti étranger de faire sa politique en Suisse elle doit permettre au parti adverse d’y faire aussi sa politique. Réciprocité et liberté d’expression l’exigent!
La métaphore du crocodile est aussi valable pour l’islam. La caste politico-médiatique nourrit l’islam pour s’attirer ses bonnes grâces et ne pas se faire dévorer, sans se rendre compte que nourrir le crocodile le fait grossir. Quand il sera assez gros, gloup!
C’est ce qui est en train de nous arriver: pour reprendre les mots de Churchill lors de la signature des infamants accords de Munich, nous avons le déshonneur et nous aurons la guerre.