Le Qataristan et l’implosion du Moyen Orient

Michel Garroté
Politologue, blogueur

Qatar-5

   
Michel Garroté  --  J'ai lu bien des sottises, publiées par des "analystes" et des "experts", sur les motifs de la rupture de toutes relations entre l’Arabie Saoudite et le Qatar. Et de ce fait, je publie ci-dessous une série de radioscopies de ce qui se passe réellement au Moyen Orient. Deux pays sunnites, l'Arabie saoudite et le Qatar, sont en conflit. Bien. Le fait que ces pays sont tous les deux sunnites ne signifie aucunement qu'ils ne peuvent pas être en conflit. Réduire la problématique du Proche et du Moyen Orient au simple fait qu'il y a des sunnites et des chiites n'empêche nullement deux pays sunnites d'être en conflit.
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La réalité, c'est que l'Arabie saoudite et le Qatar sont en compétition sur le marché du califat universel et celui du djihad islamo-terroriste. Et par conséquent, la grande Nation saoudienne veut remettre au pas la petite Nation qatarie. Le géant tape sur les doigts du nain. Mais le nain n'est pas seul. Et il tient volontiers un double, voire un triple langage. Sans compter que le nain est richissime et qu'il est moins fragilisé que le géant. Le nain finance le terrorisme islamique. Mais le géant, lui aussi, finance le terrorisme islamique.
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A ce propos, Noterror.eu écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Le séisme diplomatique que constitue la rupture de toutes relations entre l’Arabie Saoudite et le Qatar nécessite une explication plus détaillée, car elle pourrait avoir une influence sur la nébuleuse terroriste. Précisons que, contrairement à ce que l’Arabie Saoudite prétend, la rupture n’est pas due au fait que le Qatar soutient des groupes terroristes. D’abord car ce soutien ne date pas d’hier et les Saoudiens ne pouvaient pas l’ignorer puisque tant sur le front syrien que yéménite, ils ont collaboré activement avec les Qataris. Ensuite car les Saoudiens ne se gênent pas non plus pour soutenir des groupes djihadistes.
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Il faut donc chercher ailleurs les raisons de cette spectaculaire rupture. D’abord dans une lutte pour avoir le leadership du monde musulman sunnite. Mais aussi au soutien du Qatar à la très puissante confrérie des Frères Musulmans. En effet, l’Arabie Saoudite est farouchement hostile aux Frères Musulmans. Et cela est lié à la teneur même du pouvoir des Saoud. En effet, la famille royale saoudienne a basé la « tranquillité » de son règne sur un accord entre elle et les tout puissants religieux wahhabites.
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Les Saoud financent ainsi sans limite la propagation du wahhabisme et du salafisme partout dans le monde mais en contrepartie, il n’y a aucune revendication de pouvoir politique par les religieux en Arabie Saoudite. Et en cela, la vision d’un islam politique comme défendu par les Frères Musulmans – qui envisagent la prise du pouvoir partout par des partis politico-religieux comme ce fut le cas un moment en Egypte et aujourd’hui en Turquie – est bien évidemment insupportable pour les Saoud qui les perçoivent comme un danger pour leur propre pouvoir. Cette hostilité avait déjà été la raison du soutien saoudien au putsch militaire en Egypte contre les Frères Musulmans, dont le gouvernement était pourtant soutenu par les USA.
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A noter d’ailleurs que l’Egypte a également rompu ses relations avec le Qatar qu’elle soupçonne de soutenir le terrorisme en Egypte. Cette rupture totale entre les anciens alliés risque à terme de provoquer une surenchère entre les groupes terroristes soutenus par les uns et par les autres. Au-delà du problème géopolitique, les spécialistes du terrorisme se devront donc aussi de suivre les retombées de cet événement, conclut Noterror.eu (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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De son côté, Frédéric Encel, dans Le Parisien, analyse la situation en quelques questions / réponses (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : La rupture entre le Qatar et l'Arabie saoudite et l'Egypte marque-t-elle un tournant ? C'est une nouvelle étape dans l'implosion du monde arabe qui n'a cessé de s'affaiblir depuis la chute de la Somalie dans les années 1990. C'est aussi un pas supplémentaire dans le durcissement entre les chiites (Iran, Hezbollah) et les sunnites. Parmi ces derniers figurent l'Arabie saoudite, le Koweït, l'Egypte et les Emirats, mais aussi le Qatar qui tient une place plus autonome en raison de sa relative complaisance vis-à-vis de Téhéran et du Yémen où chiites et sunnites se livrent une guerre sale.
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Le Qatar finance-t-il vraiment le terrorisme ? Officiellement, l'Etat du Qatar n'est pas inscrit sur les listes noires du terrorisme tenues par l'ONU ou les Etats-Unis. En revanche, il est clair que de riches familles soutiennent financièrement des réseaux terroristes, comme les Frères musulmans, du Sahel au Moyen-Orient, en passant par nos banlieues. Il ne s'agit pas bien sûr d'investissements comme ceux que le Qatar a réalisés en France dans le PSG ou l'hôtellerie de luxe. Mais de financements de groupes islamistes qui se font le plus souvent sous couvert d'associations de bienfaisance islamiques ou de lobbys prétendument politiques financés aussi par des subventions publiques et qu'il serait donc souhaitable de mieux contrôler.
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Les Saoudiens eux-mêmes ne financent-ils pas le terrorisme ? Cela fait plus de trente ans que l'Arabie saoudite assume le rôle de pôle d'influence du wahhabisme dans le monde. L'Arabie saoudite qui accuse le Qatar d'aider le terrorisme, c'est comme le chameau qui se moque du bossu, elle en fait deux fois plus. Elle s'est montrée complaisante, voire complice avec les djihadistes du front d'Al-Nosra en Syrie et en Irak. Ensuite, elle a laissé les fonds et les armes passer au groupe Etat islamique (EI) qui les a retournés contre les sunnites saoudiens et du golfe, trop américanisés pour lui. Depuis deux ans et demi, les Saoudiens ne financent plus l'EI, conclut Frédéric Encel (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Dans L'Orient-le-Jour, Anthony Samrani écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Riyad, Abou Dhabi et Le Caire ont rompu hier leurs relations diplomatiques avec le petit émirat du Golfe. Ils ont été suivis, quelques heures plus tard, par Bahreïn, le Yémen, les Maldives, la Mauritanie et le gouvernement dissident libyen. L'axe Riyad/Abou Dhabi/Le Caire a justifié sa décision en accusant le Qatar de soutenir les groupes terroristes, sunnites comme chiites : al-Qaëda, l'État islamique (EI) et la confrérie des Frères musulmans, mais aussi les groupes soutenus par l'Iran dans la province saoudienne de Qatif où se concentre sa minorité chiite, ainsi qu'à Bahreïn, secoué par des troubles animés par la majorité chiite. L'arrivée au pouvoir en janvier 2015 du roi Salmane d'Arabie saoudite, moins hostile que son demi-frère Abdallah aux Frères musulmans, a permis d'apaiser un peu les relations entre les deux voisins.
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Au nom de l'unité du camp sunnite, par opposition au camp chiite mené par l'Iran, Riyad a arbitré les conflits entre Doha, Abou Dhabi et Le Caire, dont les visions et les stratégies apparaissaient comme concurrentes dans la région. Mais face au double jeu de son petit voisin, le royaume wahhabite semble désormais avoir perdu patience. Alors que Riyad et Téhéran se livrent une guerre froide dans toute la région, l'Arabie saoudite a fait de l'endiguement de son ennemi son objectif prioritaire dans la région. À l'instar de Oman et du Koweït, le Qatar ne partage pas la hantise de Riyad vis-à-vis de Téhéran et ne souhaite pas rompre toutes ses relations avec la puissance chiite. Le Qatar était par exemple en première ligne ces derniers mois pour négocier l'évacuation des populations civiles syriennes au sein des deux camps avec les milices chiites pro-Téhéran, conclut Anthony Samrani (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Sur Atlantico, Roland Lombardi écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Que cela nous plaise ou non, le discours de Donald Trump au sommet de Riyad, le 21 mai dernier est un succès. Car, même si lors de son annonce, Donald Trump, a exhorté la communauté internationale à isoler l’Iran qui n’est qu’un élément de langage diplomatique mais qui a eu l’avantage certain de ravir l’Arabie Saoudite, il a surtout appelé les pays musulmans d'agir de manière déterminante contre l'extrémisme religieux.
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Le message est passé. Et il est certain qu’en coulisse, Washington doit certainement mettre une pression inédite afin de forcer les Saoudiens à combattre enfin et véritablement, et de manière beaucoup plus sincère, le jihadisme et les idéologies radicales. En mars 2014, le sous-secrétaire américain au Trésor, responsable de la lutte contre le financement du terrorisme, avait révélé que le Qatar, qui est pourtant un allié de Washington, finançait depuis de nombreuses années le Hamas. N’oublions pas que durant l’été 2014 et l’opération israélienne « Bordure protectrice » à Gaza, le petit émirat avait menacé d’expulser le chef du bureau politique du Hamas installé à Doha, Khaled Mechaal, si celui-ci acceptait les propositions égyptiennes dès le début du conflit.
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Par ailleurs, les liens du Qatar avec d’autres mouvements dangereux pour le Moyen-Orient sont de notoriété publique. Ainsi, les relations du Qatar avec le Hamas s’inscrivent parfaitement dans la politique étrangère de l’émirat depuis quelques années. En juin 2013, les Talibans ont été autorisés à ouvrir un bureau diplomatique à Doha. Le rôle du Qatar semble aussi important en Afrique du Nord. Ainsi, la presse française et certains spécialistes avaient révélé en son temps que Doha apportait un soutien financier à des éléments djihadistes dans le Nord du Mali mais aussi à certaines tribus séparatistes touaregs. Les services spéciaux français, mais également, algériens avaient alerté les autorités françaises sur un financement d’Aqmi (Al-Qaïda au Maghreb), Roland Lombardi (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Le politologue Stanislav Tarassov pense que les causes de la rupture des relations diplomatiques de plusieurs pays arabes avec le Qatar sont beaucoup plus profondes qu'il n'y paraît (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : On observe à présent en Syrie une stabilisation relative de la situation en faveur des forces gouvernementales et de Damas, qui est soutenu y compris par l'Iran. Au Yémen, les combats se poursuivent et les insurgés, qui bénéficient des sympathies de l'Iran, luttent contre la coalition arabe conduite par l'Arabie saoudite.
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Et Doha est depuis longtemps soupçonné dans le Golfe de lorgner du côté de l'Iran. Celui-ci déclare pour sa part que ce règlement ne peut être qu'inter-syrien et que les pays occidentaux, les États arabes et la Russie ne doivent être que des observateurs et dans une certaine mesure des garants, conclut Stanislav Tarassov (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Sur Le Salon Beige, Paula Corbulon n'y va pas de main morte (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Le Qatar tripatouillerait avec les pires terroristes : impossible de rester en bon terme avec cette honte du monde sunnite quand on veut laver plus blanc dans la lutte anti-Daesh, et se dédouaner à frais limités. Enfin, anti-Daseh, il faut voir. Car finalement, dans le cadre de cette rupture, ces pays ne sont-ils pas beaucoup plus alarmés par l'attrait nouveau que l'Iran exercerait sur le Qatar ?, conclut Paula Corbulon (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Ivan Rioufol estime quant à lui (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Donald Trump, le zozo de service selon le camp du Bien, mène contre le terrorisme islamique une politique aux effets spectaculaires. Ce lundi, l’Arabie saoudite, l’Egypte, Bahrein et les Emirats arabes unis ont, tour à tour, annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Ce partenaire de la France est accusé de "soutien au terrorisme", dont Al-Qaïda, l’Etat islamique et les Frères musulmans. Lors de son discours du 21 mai à Riyad (Arabie saoudite), tenu devant une trentaine de dirigeants de pays musulmans, le président américain avait invité à vaincre "l’extrémisme islamiste", alimenté notamment par l’Iran, selon lui. Trump avait incité à la création d’une "coalition de peuples qui se liguent pour éradiquer le terrorisme".
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Il avait mis les leaders musulmans devant leur responsabilité. "Chassez (les terroristes) de vos lieux de culte, de vos terres sacrées, de vos communautés et de vos territoires". L’Arabie saoudite, berceau du salafisme, se serait-elle soudainement convertie à la tolérance ? Le doute reste de mise pour l'instant. Néanmoins, cet engagement de quatre pays musulmans à vaincre la violence djihadiste met fin à la négation du lien entre l’islam et le terrorisme mené au nom d’Allah. Ce mensonge sert de prétexte commode en Europe, et surtout en France, à exonérer l’islam de toute responsabilité et de tout effort de réforme. La bonne nouvelle est d’observer un réveil venu de musulmans eux-mêmes.
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Parions que la trumpophobie médiatique, cette autre pensée unique, aura du mal à admettre que Trump a marqué un point important dans l'incitation à la lucidité face aux dérives de l'islam politique. Ce matin, sur Europe 1, Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, a préféré parler "d’assassins et de voyous" pour désigner les trois britanniques islamistes qui ont une nouvelle fois attaqué Londres, samedi soir (7 morts, 50 blessés), au nom de l’Etat islamique. Theresa May, premier ministre, a été plus inspirée en désignant une "idéologie maléfique", une "perversion de l’islam". Les meurtriers, après avoir écrasé des passants avec leur camion sur le London Bridge, ont poignardé des victimes en criant : "C’est pour Allah !". L’enfer a duré huit minutes, avant que des policiers puissent abattre les tueurs. 23.000 personnes seraient suspectées, en Grande-Bretagne, de sympathie avec l’islam radical.
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En France, les yeux restent clos devant la contre-société qui se consolide dans les cités, au risque de constituer demain une nation dans la nation, si ne n’est déjà le cas. Cette évolution démographique et identitaire devrait être au cœur des préoccupations politiques. Il n’en est rien avec Emmanuel Macron, qui ne voit la France que comme une addition de communautés bienveillantes. Vendredi, après la décision de Trump de se retirer des accords de Paris sur le climat, le président français a déclaré : "La vocation de la France est de mener ces combats qui impliquent l’homme tout entier. C’est pourquoi la France s’est placée à l’avant garde de la lutte contre le changement climatique". La posture consensuelle est facile. En France, les Frères musulmans, jugés terroristes par l’Arabie, l’Egypte, Bahrein et les Emirats, se portent bien, merci, Ivan Rioufol (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Dans Le Point, Romain Gubert écrit notamment (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : C'était il y a quelques jours. L'agence de presse officielle du Qatar publiait une « interview » de l'émir Tamim al-Thani. Celui-ci expliquait qu'il fallait désormais compter l'Iran parmi les alliés stratégiques et cesser de considérer Téhéran comme un ennemi. Des propos étonnants, car le Qatar est en majorité sunnite, comme l'Arabie saoudite qui lutte depuis des décennies contre l'Iran (chiite). Plus étrange encore : le Qatar comme l'Arabie saoudite sont engagés au Yémen contre les milices houthistes (chiites et soutenues par l'Iran). À première vue, cette « interview » ressemble à un bras d'honneur : la semaine dernière, Donald Trump et le roi d'Arabie saoudite ont pointé du doigt l'Iran en le désignant comme le principal artisan du terrorisme au Moyen-Orient.
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L'interview a poussé l'Arabie saoudite, imitée par l'Égypte, Barheïn, les Émirats arabes unis, à rompre ses relations diplomatiques avec Doha ainsi qu'à suspendre les liaisons aériennes. En réalité, le Qatar, comme le Koweït, a toujours été plus prudent que l'Arabie saoudite dans ses relations avec l'Iran. D'abord pour des raisons économiques (certains champs gaziers qataris voisinent les eaux territoriales iraniennes), ensuite parce le Qatar n'a pas d'ambition de leadership dans la région. Depuis, les Qataris expliquent que « l'interview » est fausse et que le serveur de l'agence a été piraté. Doha a même demandé au FBI de confirmer ce piratage.
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Derrière l'anecdote – s'agit-il d'une gaffe, d'un ballon d'essai pour un changement de position qatarie ou réellement d'un piratage ? –, la rivalité des États sunnites de la région a pris un tour spectaculaire. Celle-ci n'est pas nouvelle. L'Arabie saoudite n'entend pas que son leadership du camp sunnite soit contrebalancé par les positions de Doha. Cela fait des années que Riyad voit d'un très mauvais œil les ambitions géopolitiques du petit mais richissime émirat qui a souvent joué sa propre carte grâce aux milliards qu'il tire de ses réserves gazières. Et notamment à Paris ou à Londres, où le Qatar possède des intérêts dans d'innombrables pans de l'économie.
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En France, le Qatar possède notamment 'beIN Sports' et le 'PSG', ainsi que des participations dans de très nombreuses entreprises du CAC 40. Il a aussi décroché l'organisation de la Coupe du monde de football en 2022. Le Qatar a souvent été le refuge de leaders des Frères musulmans chassés du pouvoir (comme en Égypte) ou contraints à l'exil. De quoi inquiéter Riyad, qui redoute depuis longtemps ce courant politique qui condamne le leadership religieux saoudien. Même si les accusations de financement du groupe État islamique par le Qatar n'ont jamais été documentées, l'émirat a largement financé des groupes armés en Syrie ou en Libye. Parfois avec l'aval des pays occidentaux, ce qui a toujours exaspéré l'Arabie saoudite, Romain Gubert (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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LEXPRESS.fr publie l'analyse que voici (extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page) : Diplomatie, circulation des biens et des personnes... L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn viennent d'adopter une série de mesures pour rompre avec Doha. Cela ressemble à une mise en quarantaine. Tôt ce lundi, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont rompu leurs liens avec le Qatar. Les trois nations du Golfe accusent Doha de "soutien au terrorisme".
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En cause: des suspicions de liens avec Al-Qaïda, le groupe Etat islamique (EI) et les Frères musulmans, confrérie classée "terroriste" par l'Egypte et des pays du Golfe. Également exclu de la coalition militaire arabe opérant au Yémen sous commandement saoudien, le Qatar se retrouve au centre d'une crise majeure au Moyen-Orient. Il s'agit même de la plus grave depuis la création en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui regroupe l'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar. Elle intervient surtout quinze jours après un appel de Donald Trump à l'unité des pays arabes face à la menace terroriste. Concrètement, Ryad, Abou Dhabi et Manama ont pris tout un train de mesures visant à isoler le pays. Il s'articule autour de trois grands axes.
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Des relations diplomatiques rompues :
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Rupture immédiate des relations diplomatiques entre le Qatar, Bahreïn et les Emirats. Ces deux nations ont ordonné à leurs diplomates de quitter Doha dans les 48 heures. Ce n'est pas une première: en 2014, les trois pays avaient rappelé leurs ambassadeurs pour protester contre le soutien du Qatar aux Frères musulmans. Lundi matin, l'agence officielle saoudienne SPA a annoncé que Ryad rompait ses relations diplomatiques avec le Qatar pour "protéger sa sécurité nationale des dangers du terrorisme et de l'extrémisme". Selon l'Arabie, le Qatar appuie aussi "les activités de groupes terroristes soutenus par l'Iran dans la province de Qatif (est)", où se concentre la minorité chiite du royaume saoudien. De son côté, Bahreïn accuse Doha d'"ébranler la sécurité et la stabilité (de son royaume) et de s'ingérer dans ses affaires" intérieures.
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Des mesures appliquées sur terre, sur mer et dans les airs :
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Fermeture de la frontière terrestre de l'Arabie saoudite avec le Qatar. Cette mesure entraîne un blocage des importations de biens par voie terrestre du Qatar à travers l'Arabie saoudite. Des liaisons aériennes et maritimes mises à mal. Cette décision doit intervenir dans les 24 heures. L'Egypte, qui a elle aussi "décidé de mettre fin à ses relations diplomatiques avec l'Etat du Qatar", a indiqué que ses liaisons aériennes avec ce pays seront suspendues à partir de mardi. Des suspensions de vols en rafale. L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont décidé la fermeture des espaces aériens aux vols de la compagnie aérienne du Qatar. Les compagnies aériennes Etihad, Emirates et flydubai des Emirats arabes unis vont arrêter les vols sur Doha à partir de mardi matin. Parallèlement, Qatar Airways a mis un terme à ses liaisons avec l'Arabie saoudite, dont la compagnie nationale Saudia a pris une mesure similaire.
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La circulation des personnes considérablement réduite :
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Les ressortissants du Qatar invités à partir. Cette décision, qui sera appliquée dans les trois pays d'ici 14 jours, concerne aussi bien les visiteurs que les résidents permanents. Ce point est particulièrement problématique car cette mesure contredit un accord sur la libre circulation au sein du CCG. Une exception est cependant à noter: les pèlerins du Qatar peuvent se rendre sur les lieux saints musulmans en Arabie saoudite. Il est en outre interdit aux ressortissants des trois pays de se rendre au Qatar, conclut LEXPRESS.fr (fin des extraits adaptés ; voir lien vers source en bas de page).
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Michel Garroté pour Les observateurs, 6.6.2017

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Sources :

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https://www.noterror.eu/fr/sponsors-terrorisme-se-dechirent-entre-eux/
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http://www.leparisien.fr/international/le-qatar-isole-par-ses-voisins-c-est-une-nouvelle-etape-dans-l-implosion-du-monde-arabe-06-06-2017-7021206.php
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https://www.lorientlejour.com/article/1055595/pourquoi-laxe-riyad-abou-dhabi-le-caire-tord-le-bras-du-qatar.html
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http://www.atlantico.fr/decryptage/arabie-saoudite-offensive-pour-retrouver-leadership-pays-sunnites-roland-lombardi-3071747.html/page/0/2?yahoo=1-
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https://fr.sputniknews.com/
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http://lesalonbeige.blogs.com/my_weblog/web.html
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http://blog.lefigaro.fr/rioufol/2017/06/trump-bouscule-le-terrorisme-i.html
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http://www.lepoint.fr/monde/pourquoi-l-arabie-saoudite-met-au-ban-le-qatar-05-06-2017-2132950_24.php
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http://www.lexpress.fr/actualite/monde/crise-dans-le-golfe-comment-l-arabie-et-ses-soutiens-veulent-isoler-le-qatar_1914762.html
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