Pour le philosophe Damien Le Guay «Que nous le voulions ou non, nous sommes en état de guerre civile»

Damien Le Guay est philosophe, essayiste, critique littéraire, conférencier. Il a publié La guerre civile qui vient est déjà là (éditions du Cerf).

Le FIGARO. – Une attaque au couteau a eu lieu hier, dimanche, à la gare Saint-Charles à Marseille. Deux femmes ont été tuées. L’assaillant, qui a crié «Allah Akbar» a été abattu. Votre dernier livre s’intitule, La guerre civile qui vient est déjà là.
Est-ce à dire que nous sommes dans cette guerre civile – du moins sur certains territoires?

Damien LE GUAY. – Lorsque deux jeunes femmes innocentes (de 17 et 21 ans) sont égorgées au couteau, par-derrière, gare Saint-Charles et qu’un cri de guerre islamiste est répété par l’assassin, n’est-on pas en droit de constater qu’un climat de terreur est entretenu de mois en mois, attaques après attaques! Quand on constate que des attentats de ce type se répètent régulièrement sur notre territoire et qu’ils sont perpétrés par des nationaux, ne sommes-nous en droit de nous reconnaître dans une sorte de guerre civile qui ne dit pas son nom! Quand les victimes sont trucidées au hasard et que tous les meurtriers agissent au nom de l’Islam, ne sommes-nous pas en situation de guerre sur notre territoire! Ajoutons que le ministre de l’intérieur nous dit que des dizaines d’attentats ont été déjoués depuis le début de l’année et que 17.400 «fichés S» sont répertoriés, sans parler de tous ceux qui reviennent de Syrie et qu’il va falloir surveiller.

De toute évidence quand des assassinats se répètent, régulièrement, avec toujours les mêmes revendications, quand la menace est désormais partout et que nous sommes tous des victimes en puissance, quand les mesures de sécurité augmentent dans tous les lieux publics, quand les spécialistes vous disent que nous en avons pour plus de vingt ans, est-il encore possible de considérer qu’il s’agit là de simples «faits divers» à répétition qu’il faut, à chaque fois, minimiser? Non. Et pourtant, à chaque fois (comme hier pour Marseille) nos autorités «déplorent» ces attentats, montrent leur «compassion» à l’égard des victimes, indiquent leur «indignation» et dénoncent (comme hier le ministre de l’intérieur) «une attaque odieuse». À chaque fois nos autorités éludent la situation, relativisent l’acte et considèrent l’assassin comme un «fou». Ainsi, hier, le premier ministre, dans un communiqué, s’est-il empressé, de dénoncer le «criminel» et de s’en prendre à «sa folie meurtrière». Non, Monsieur le premier ministre, il n’y a pas de «folie» dans un terrorisme politique qui vise, au nom d’une idéologie islamiste, à lutter contre l’Occident, contre les «infidèles», contre les «impurs», les kouffars que nous sommes tous.

Non, Monsieur le premier ministre, à chaque fois on découvre que ces terroristes suivent, d’une manière ou d’une autre, les mots d’ordre de l’Etat islamique avec, souvent, des «cellules-souches» animées par un imam salafiste qui prêche la haine et finit par convaincre certains de ses fidèles qu’il faut tuer «des mécréants». Et comme on pouvait s’en douter, dimanche soir, l’Etat islamique a revendiqué l’attentat. Tout cela renforce l’évidence: certains, ici, nous détestent et feront tout pour détruire ce tissu national qui tient ensemble tout le monde et défend une certaine manière de vivre «à la française».

Or, il nous faut considérer que des attentats répétés depuis au moins 2015, tous commis en invoquant le nom d’Allah, revendiqués par l’État islamique, ne relèvent pas de la folie d’individus isolés mais d’une action d’envergure et convergente, visant à lutter contre la France et ses valeurs pour imposer un climat de terreur et de défiance tous azimuts. De toute évidence, ces attentats sont liés les uns aux autres. Ils sont politiques avant d’être psychiatriques. Ils instaurent une «guerre civile larvée», selon l’expression de Gilles Kepel. Ne pas reconnaître cette «guerre civile» contre nous, entre nous, plutôt que d’améliorer la situation, l’aggrave. L’euphémisme tue, lui aussi. Nos politiques, par naïveté, manque de courage ou défaut de lucidité, refusent l’évidence. Dès lors, pour ne pas prendre la mesure de la situation, ils tergiversent. Plutôt que de soigner notre tissu national, ils laissent les problèmes s’envenimer. Prenons deux éléments. Le rejet de l’Islam ne cesse d’augmenter en Europe. En France l’enquête de Fondapol indiquait, il y a peu, que ce rejet est pratiqué par 60 % de nos concitoyens qui, dans les mêmes proportions, considèrent que l’Islam est une menace contre la République. D’autre part, les indices de radicalisation des Français musulmans augmentent. Un tiers d’entre eux, selon le rapport Montaigne d’il y a un an, font prévaloir les lois de l’Islam sur celles de la République. Et une enquête du CNRS indiquait, en mars dernier, que 15 % des lycéens musulmans de France pensent acceptable de lutter «les armes à la main pour sa religion» (…)

Source : http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/10/02/31003-20171002ARTFIG00169-damien-le-guay-que-nous-le-voulions-ou-non-nous-sommes-en-etat-de-8216guerre-civile.php?redirect_premium

Via CivilWarInEurope

6 commentaires

  1. Posté par Marsac le

    Qu’importe le terme. Il faudra bien un jour crever l’abcès contre ce régime de tueurs. C’est la moindre des choses de se débarrasser de l’intolérable.

  2. Posté par Ernst Rudiger le

    Le terme « guerre civile » me semble inadéquat. Ce n’est pas un peuple divisé en deux parties qui s’affronte. C’est d’un coté, dans toute l’Europe, une population « de souche », issue d’une ancienne civilisation judeo-chrétienne, avec des racines greco-latines, celtiques et nord-européenne, et de l’autre un ennemi étranger, entré sur notre territoire grace à la trahison de nos élites. Nos ennemis sont des envahisseurs islamiques, obéissant au Coran. Leur mission est simple: conquérir l’Europe puis le reste du monde. La simple lecture du Coran et des Hadiths le confirme absolument. Ce qui se prépare n’est donc pas une guerre civile, mais une guerre de libération.

  3. Posté par Nicolas le

    De Jean. RASPAIL= Tant qu’il n’y aura pas la colère je ne vois pas comment on s’en sortira. C’est une réaction normale la colere: on vous declare la guerre, on repond. On ne va pas mettre des fleurs aux premiers morts: on venge les morts.

  4. Posté par Sertorius le

    «Que nous le voulions ou non, nous sommes en état de guerre civile»

    Je ne suis pas d’accord avec cette analyse car nous sommes plutôt en état d’invasion par des étrangers avec qui certains parmis nous collaborent: au niveau étatique en particulier.
    https://www.youtube.com/watch?v=N1KvgtEnABY

  5. Posté par Vautrin le

    Tu parles d’un scoop ! Il y a longtemps que nous le savons ! Mais dans cette guerre civile, seul l’ennemi est actif, alors que nous devrions lui rendre coup pour coup. Ce n’est pas ce que fait la « gouvernance », c’est le moins qu’on puisse dire. Alors c’est à NOUS de cogner dur !

  6. Posté par Antoine le

    La guerre civile est présente partout ! Sauf dans les paroles de nos gouvernements !

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