Attentat à Marseille : les mots tabous des médias

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Dimanche 1er octobre, le terrorisme islamiste a frappé une nouvelle fois la France, à Marseille. Ahmed Hanachi s’est emparé d’un couteau et a égorgé puis éviscéré Mauranne et Laura.

Unanimement, les médias ont multiplié les papiers et les reportages pour rendre hommage aux deux victimes d’une guerre qui ne dit pas son nom. Les deux femmes étaient cousines, jeunes et brillantes.

L’attentat, lui aussi, a été relaté par la grande presse de manière unanime. Certains mots étaient tabous : « égorgement », « clandestin » et même « terroriste ». Le but : édulcorer le réel en taisant des éléments essentiels à l’information.

Attentat à Marseille, une attaque au couteau ?

Les titres étaient presque identiques, sûrement calqués sur ceux de l’Agence France Presse (AFP). On pouvait retrouver les mêmes mots, les mêmes expressions. France 2 : « Attaque au couteau à Marseille : des défaillances dans la procédure » ; Franceinfo : « Attaque au couteau à Marseille : l’enquête avance » ; Le Monde : « Marseille touchée par une attaque au couteau » ou encore Euronews, avec toujours exactement la même expression : « Une attaque au couteau fait deux morts à Marseille ».

Tous ces titres se concentrent sur l’objet utilisé pour commettre l’attentat. La méthode n’est pas nouvelle, elle a notamment été utilisée en juillet 2016, pour l’attentat de Nice. Les médias parlaient alors de « Camion fou » ou de « Camion bélier ». Le procédé n’est pas neutre : la presse cache alors l’auteur et son intention derrière l’outil qu’il a employé, mais aussi la violence de l’attaque. Mauranne et Laura n’ont pas simplement été attaquées au couteau, l’une a été égorgée, l’autre frappée au thorax et éviscérée.

La presse française n’aime pas le mot « égorgement ». Il était absent dans le traitement médiatique de l’attentat de Marseille, il était aussi absent le 26 juillet 2016, lors de l’assassinat du père Hamel par des islamistes. L’expression « tué à l’arme blanche » avait été imposée formellement aux journalistes de France 2 et de France 3. La consigne, transmise par voie orale, était claire : ne pas employer le terme « égorgé ».

Comment désigner le terroriste sans dire que c’en est un

Deuxième mot tabou dans la presse, le mot « terroriste ». Il a soigneusement été évité et remplacé par des pseudo-synonymes, altérant ainsi l’information. La palme revient à 20 Minutes : « Le profil et le parcours de l’agresseur de Marseille… ». Dans le journal La Provence, le terroriste est désigné comme un assaillant : « Pourquoi l’assaillant n’a pas été placé en rétention samedi ». La presse belge n’est pas en reste, et la RTBF emploiera le même mot dans un titre : « L’assaillant connu sous sept identités ».

RTL, de son côté, a eu un peu plus de courage en employant le mot tabou : « Le profil du terroriste interroge. »

Quand le statut de clandestin passe à la trappe

Dépêche AFP du 2 octobre publiée sur le site du Point : « L’assaillant de Marseille détenteur d’un passeport tunisien ». Il faut entrer dans le cœur de l’article pour finalement comprendre qu’Ahmed Hanachi était un « étranger en situation irrégulière », autrement dit un clandestin. Cette information, pourtant essentielle, ne figurait donc pas dans les titres de la presse française, contrairement à certaines coupures de presse étrangère.

Du côté de la presse anglo-saxonne, le Dailymail (Royaume-Uni) ou encore Breitbart (Etats-Unis) ont désigné, dans leurs titres respectifs, le terroriste comme un « immigré illégal ».

Un seul média de la presse du courant dominant a osé employer ces mots tabous dans un titre d’article. Il était le seul, l’article en devient donc remarquable : « Clandestin et multirécidiviste : le parcours sidérant du terroriste islamiste de Marseille ». Clandestin, terroriste, islamiste, récidiviste, les mots sont là pour transmettre la réalité de l’information. Il s’agit du Figaro.

Pas d’amalgame, pas de vagues

Chaque attentat nous délivre son lot de journalistes moralisateurs, avec une fois de plus, pour seul credo, le « pas d’amalgame ».

Pas de vagues sur LCI : Renaud Pila, éditorialiste politique, posera une question (plus trop nouvelle désormais) : les médias et les politiques ne parlent-ils pas trop des attentats ? Mais la question (presque une affirmation) est évidemment fausse. Dans un contexte de débat parlementaire sur la loi antiterroriste, il peut pourtant paraître légitime que les politiques et les médias parlent des attentats.

Pas d’amalgame sur LCI quand le journaliste Jean-Sébastien Ferjou, fondateur d’Atlantico, constate que la plupart des terroristes sont issus de l’immigration : le présentateur de LCI l’accuse alors de stigmatiser cette population et ressort la vieille excuse, pourtant déjà usée, du déséquilibré : « Il peut y avoir des tas de raisons, ne serait-ce que psychologiques. »

Pas d’amalgame non plus sur C-News dans « l’Heure des pros ». Quand Charlotte d’Ornellas reconnaît, elle aussi, que tous les terroristes sont issus de l’immigration, elle est interrompue par Arielle Schwab (ancienne présidente de l’Union des étudiants juifs de France) qui va constater que les terroristes sont « aussi jeunes, et que l’on pourrait donc accuser l’ensemble des jeunes ».

Pas d’amalgame enfin sur France 5 avec l’expert islamologue Mathieu Guidère. Il n’est pas satisfait de la couverture médiatique de l’attentat de Marseille : « Il y en a trop, si à chaque fois qu’il y a un homicide… Là en plus c’est un marginal (…) on est sur la petite délinquance (…) c’est un fait divers. »

Fait divers, autrement dit, dans l’argot journalistique, la rubrique des chiens écrasés. On aura rarement vu un expert autant aseptiser la réalité islamiste. Une vision sûrement dictée par son ancien poste de précepteur du fils de l’émir du Qatar…

Comme après chaque attentat, les médias ont été dans leur rôle : ils ont caché la réalité, l’horreur des faits, la brutalité des faits par l’emploi de la novlangue.

Dans le cas présent, la formule juste pour désigner objectivement les faits aurait tout simplement été la suivante : « Un clandestin délinquant récidiviste a commis un attentat terroriste ; l’islamiste a égorgé une jeune fille et éviscéré sa cousine. »

Hervé Grandchamp

  • Retrouvez Hervé Grandchamp sur TVLibertés dans l’émission « I-média ».

Photo : Allégorie de Marseille, au pied des escaliers de la gare Saint-Charles. Une allégorie de l’Hypocrisie médiatique serait plus en situation.

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3 commentaires

  1. Posté par otaqué le

    égorgée et éviscérée… des mots utilisés dans les abattoirs pour les bêtes… c’est triste et révoltant à la fois (je pèse mes mots et reste ultra poli, pour une fois…). on a bien compris que nous étions dans une époque orwellienne (1984). on ne peut pas compter sur nos dirigeants mais que sur nous-même. ça va mal finir et ça c’est ce qu’ils veulent (ils = les zinzins qui nous gouvernent).

  2. Posté par Antoine le

    Nos merdias avec leurs cortèges de journaleux sont devenus des faux transmetteurs d’informations biaisées. Heureusement qu’il existe des sites WEB comme Les Observateurs Dreuz, etc ..

  3. Posté par Léo C le

    Propagande et censure, socles idéologiques des gauchos, battent leur plein.
    Ça ne suffira pas, ça ne suffit plus déjà.

    Le ton va se durcir, les clivages politiques se restructurer, la droite s’affirmer enfin, ce que je souhaite, du moins l’espère. Là, non plus ça ne suffira pas. Nous sommes métastasés.
    C’est la rue qui décidera, avec le résultat qu’on connait.
    Ce sera hélas la seule façon d’éradiquer cette saloperie et d’anéantir ces barbares. Comme ça l’a toujours été au cours de l’Histoire lorsque péril il y avait.

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