Pour en finir avec le mythe de la Troisième Guerre mondiale

Jordi Vives
Journaliste, Rédacteur
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Ce mardi 24 octobre, deux avions de chasse turcs ont abattu un bombardier russe SU-24 à proximité de la frontière turco-syrienne. Bien que les informations sur cet incident grave soient pour l'instant parcellaires, certains voient déjà dans cet acte le début d'une troisième guerre mondiale. Pourtant, dans des périodes aussi troubles, il est, plus que jamais, nécessaire de garder raison et de ne pas céder à la facilité des discours alarmistes et simplistes mais d'analyser les faits, d'en comprendre les causes et de se référer à l'Histoire

Car non, la destruction de ce bombardier russe ne va pas entraîner une escalade incontrôlable du conflit au Proche-Orient, tout comme la destruction de l'avion espion américain U2 en 1960 au-dessus de l'URSS n'a pas déclenché d'apocalypse nucléaire. Certes les relations entre les différents protagonistes vont être fortement impactées par cet événement. Des sanctions économiques seront prises, les dirigeants des états concernés feront des discours forts appuyés par une communication médiatique servile et bien contente de vendre la peur de la guerre totale, les livraisons d'armes à tel ou tel groupes en Syrie seront augmentées, etc. Mais au final, la Turquie et ses alliés (donc l'OTAN) et la Russie ne se lanceront pas dans un conflit général dévastateur d'où nul ne sortirait vainqueur... et sûrement pas pour quelques Turkmènes...

Bien sure, certains diront que c'est comme ça que les guerres mondiales commencent, par des « incidents », des conflits très localisés, de Sarajevo à Dantzig. Oui mais justement, il y a eu les deux guerres mondiales et cela change tout. Qui sont les principaux perdants de 14/18 et 39/45 si ce n'est les principaux instigateurs de ces conflits, à savoir, les Européens ? Un conflit généralisé de haute intensité et planétaire est totalement improbable depuis 1945, depuis l'entrée dans l'ère nucléaire.

Dans le grand jeu mondial que l'on connaît aujourd'hui, le but n'est pas de gagner la partie mais de continuer à jouer.

Jordi Vives, 24 novembre 2015

8 commentaires

  1. Posté par Gaspard Vignon le

    L’Europe, comme les américains d’ailleurs, vit dans le mythe de n’être pas en guerre, mais en attendant, l’on continue de massacrer des gens (terroristes ou civiles, cela reste des êtres humains) aux quatre coins du monde. La guerre est là, elle est mondiale, mais comme on l’a si bien fait avec notre industrie, on a réussi à la délocaliser pour n’en garder que les points positifs, enfin sauf que le terrorisme nous reviens méchamment dans la gueule.

  2. Posté par hausmann. conrad le

    Des dizaines de morts tous les jours et vous n’appelez pas cela une guerre?Et des centaines d’attentats chaque mois. De simples faits- divers???

  3. Posté par Pierre Müller le

    @ Pierre H. (« …les extrémistes religieux de la fin des temps ») :
    Entièrement d’accord avec vos arguments. A la nuance près que ces extrémistes dits « religieux » brandissent leur religion à des seules fins politiques, qui n’ont plus rien à voir avec la religion elle-même. Ils s’appuient sur une interprétation belliciste et jusqu’au-boutiste de leurs textes sacrés.

  4. Posté par fergile le

    Merci pour cet article, il est évident que bien qu’agressée et, selon MF ci-dessous, ayant le droit de bombarder la Turquie, la Russie ne le fera pas car elle a visiblement une stratégie gagnante que cet attentat ne suffira pas à perturber.
    Par contre, il est évident aussi que l’OTAN, du moins son commandement, souhaite une guerre contre la Russie et fait tout pour l’obtenir depuis ses interventions criminelles et illégales en Ukraine comme en Syrie.
    Toutefois, la situation économique terrifiante dans laquelle se trouvent ses membres, par leur soumission au système, agonisant, basé sur le dollars, ne peut qu’encourager la Russie et ses alliés à poursuivre leur stratégie sans réagir à des chatouilles, tout en constatant la chute irrémédiable de l’UE et des USA, chute dans laquelle le gouvernement suisse est d’ailleurs décidé à nous entrainer également.
    Le réveil salutaire ne sonnera probablement pour les pays Occidentaux que lorsque Donald Trump sera élu président des USA.

  5. Posté par pierre frankenhauser le

    Turkish Stream, le projet de gazoduc devant relier de la Russie à la Turquie, va avoir du plomb dans l’aile on dirait.

  6. Posté par Pierre H. le

    Premièrement, on ne doit jamais comparer des évènements de 2 époques dans le but d’en faire une similarité, comme dire que l’U2 américain abattu au dessus de l’URSS n’a pas créé l’Apocalypse. A l’époque, la puissance du monde était bipolaire, les forces en présences étaient totalement différentes ainsi que les acteurs, les alliances, etc. Sans compter l’armement qui lui, a complètement changé et évolué et l’armement actuel évolué se trouve dans beaucoup plus de mains aujourd’hui qu’à l’époque, et même des chameliers peuvent tirer des missiles à partir d’une voiture, voire d’une valise. Voilà pour faire court. Et n’oublions pas que certains fous qui nous gouvernent sont des adeptes de « fins du monde » nucléaires afin d’établir divers royaumes religieux sur notre planète (les extrémistes religieux de la fin des temps).

  7. Posté par MF le

    Vous avez une vision singulièrement naïve de l’histoire! En particulier sur les instigateurs de conflits. Dans les deux guerres mondiales, les grands perdants ont été l’Europe…mais n’est-ce pas parcequ’elle faisait de l’ombre au véritable instigateur?
    Nous n’avons jamais été en paix depuis 1945! Nous avons été patiemment colonisés et ce colonisateur compte bien utiliser l’OTAN, financée à nos frais pour détruire ce qu’il reste de la pauvre Europe.
    Nous ne sommes pas dans un jeu, là c’est vraiment pas le terme qui convient.
    Cet avion abattu est un acte de guerre d’un membre de l’OTAN. Et la Russie est d’ores et déjà autorisée à bombarder la Turquie, de par l’article 51 de la Charte de nations unies.

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