Les Etats-Unis bombardent Daesh avec de vieux « coucous » de la guerre du Vietnam

Jordi Vives
Journaliste, Rédacteur

On a du mal à le croire et pourtant c'est bien vrai, les Etats-Unis, première puissance militaire au monde, utilisent, aujourd'hui, des avions vieux de cinquante ans en Syrie contre Daesh. L'information a été révélée par le site américain The Daily Beast qui a eu accès à un rapport du commandement militaire américain pour l'Asie centrale et le Moyen-Orient (l'US Centcom). L'armée américaine a donc déployé face à Daesh depuis le printemps 2015, des avions d'attaque au sol OV-10 Bronco. Des appareils à hélice qui ne sont plus de première jeunesse puisqu'ils volent depuis 1965 !

Alors que signifie l'emploi de ces appareils, bons pour la retraite, sur un théâtre d'opération qui focalise pourtant l'attention de la planète entière ? En effet, on pourrait croire que la lutte contre le danger mondial que représente l’État Islamique devrait être une priorité et nécessiterait que les Etats-Unis engagent des moyens à la hauteur de l’enjeu.

La réponse de l'US Centcom est que ces avions ont été envoyés en Syrie afin de tester leurs capacités à opérer aujourd'hui avec la même efficacité que les appareils plus modernes de l'US Air Force. La raison de ce déploiement serait donc financière. En effet, l'heure de vol d'un OV-10 Bronco serait de 1 000 $ alors que cela monte à 40 000 $ pour les jets modernes. La tentation est donc forte de remplacer les coûteux F-15, F-16 et autre F-18 par des avions légers comme le Bronco. Mais les risques sont aussi importants. La Syrie n'est certes pas un théâtre d'opérations où les armes anti-aériennes fourmillent, elles sont pourtant bien présentes et bon nombre d'appareils des forces de Bashar el Assad en ont fait les frais. Aussi, l'emploi massif d'avions légers volant à basse altitude et à une vitesse peu élevée, facilite grandement le travail de la DCA adverse.

Mais cela révèle aussi que les Etats-Unis connaissent aujourd'hui des difficultés importantes quant au maintient au niveau de ses forces armées. Contrainte d'engager des moyens financiers colossaux pour assurer le remplacement de son matériel, l'US Air Force doit aujourd'hui se serrer la ceinture, d'autant plus qu'elle fait face aujourd'hui à une grave pénurie de pilotes. Une situation générale qui se ressent sur les théâtres d'opérations.

Mais que les pilotes américains se rassurent car si leurs chefs les envoient combattre Daesh avec des vieux « coucous », ils n'ont pas, contrairement à leurs homologues russes, à craindre d'être abattus par les chasseurs turcs.

Jordi Vives, le 13 mars 2016

2 commentaires

  1. Posté par Simon Cussonet le

    J’abonde à ce que dit Vautrin…..en rajoutant que le Skyraider avait un moteur à piston (Wright R-3350) de 2’800cv alors que le Bronco dispose de turbopropulseurs.
    Le même cas se pose avec le A-10 Thunderbolt II que certains experts voulaient envoyer à la casse et qui finalement s’avère encore bien utile !

  2. Posté par Vautrin le

    Il ne faut pas trop tôt dire que… et que… Un rappel : durant la guerre du Vietnam, lorsqu’il s’agissait de lutte anti-guérilla, les « coucous » à hélice comme par exemple le A4 Skyraider se révélaient bien plus souples d’emploi, et bien plus efficaces, que les « jets » du type Phantom IV. Le « Bronco » a été, précisément, conçu pour la guérilla. Cela s’explique : maniabilité (en particulier un rayon de virage faible), stabilité comme plateforme de tir, vitesse plus modulable, c’est ce qui fait la supériorité des « coucous » dans ce genre de combat où les jets modernes, très instables donc adaptés au « dog fight » (combat tournoyant) ne fournissent pas les mêmes services. Les pilotes ayant eu à combattre en Algérie préféraient le vieux P47 « Thunderbolt » aux « Mistral » et autres « Ouragan », « Mystère », pour les mêmes raisons. Si un F15 convient pour détruire des bunkers ou des dépôts d’armes et munitions, la poursuite d’adversaires en 4×4 genre Toyota, rapides et manœuvrants, est davantage du ressort du « Bronco ».
    Cela ne veut pas dire, par ailleurs, que le Trésor US n’est pas en difficulté. But that’s other kettle of fish !

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