Pour enrayer son déclin, l’armée britannique fait du pied aux musulmans, aux femmes et aux gays

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L’armée du Royaume-Uni fait campagne pour attirer de nouvelles recrues. Confrontée à un déficit de personnel et souhaitant accroître la diversité de ses troupes, elle a produit des vidéos s’adressant aux homosexuels, aux femmes et aux minorités.

Pour exprimer son attachement aux valeurs d’ouverture et de tolérance, l’armée britannique a frappé fort. Via une nouvelle campagne à 1,6 million de livres (1,8 millions d’euros), intitulée «This Is Belonging» (qui pourrait se traduire par «C'est ceci l'appartenance»), les forces armées britanniques, confrontées à une crise du recrutement, ont voulu séduire un nouveau public. Homosexuels, musulmans, femmes et minorités sont explicitement ciblés.

Plusieurs vidéos mettent ainsi en images le débat intérieur d’un ou d’une militaire, aux prises avec des interrogations concernant l'engagement au sein de l'armée, telles que : «Et si mes émotions ressortent ?» ou «Dois-je être un super héros ?». Dans la vidéo intitulée «Puis-je pratiquer ma foi ?», un musulman explique être en mesure de prier librement au sein de l’armée. La vidéo «Puis-je être gay dans l’armée ?» fait découvrir le témoignage d'un médecin militaire qui voulait s’engager depuis son plus jeune âge et redoutait que son homosexualité ne le pénalise. Il explique qu’il a désormais confiance en lui, qu’il est très bien accepté et qu’il n’hésite pas à parler de son petit ami au sein de l'armée.

On ne voit pas la couleur de la peau, le genre ou la religion dans l’Armée – juste la dimension de votre personnalité et la promesse de vos capacités

Avec un graphisme moderne et poétique, la campagne est à mille lieues des visuels virilistes que l'on pourrait attendre de forces militaires. Le compte Twitter officiel du recrutement de l’armée britannique a résumé la nouvelle politique de recrutement dans un tweet : «On ne voit pas la couleur de la peau, le genre ou la religion dans l’Armée – juste la dimension de votre personnalité et la promesse de vos capacités.»

 

L'armée britannique ne fait plus rêver les jeunes

 

Entre avril 2016 et mars 2017, 8 194 soldats ont rejoint l’armée britannique, mais 9 775 l’ont quittée durant la même période, pour se consacrer à leur famille ou profiter d’autres opportunités. L’armée du royaume fait face à un déficit de personnel : elle comptait un peu plus de 78 000 membres à temps plein en 2017, alors que l'objectif du gouvernement est d'atteindre 82 000 militaires d'ici 2020. Dans un rapport rendu à Theresa May en juillet 2017, un parlementaire avait souligné cette déperdition et incitait à attirer davantage de recrues de sexe féminin ou issues des minorités.

 

Actuellement, 10% des forces armées britanniques sont des femmes et 7,5% sont issues de minorités (africaines, asiatiques ou autres), d'après des chiffres rapportées par la BBC.

 

Notre société est en train de changer, et je pense que c’est tout à fait approprié pour nous d’essayer de toucher un public plus large

 

Sir Nick Carter, le commandant en chef de l’armée britannique, a défendu lui-même cette campagne, qui a soulevé des critiques sur les réseaux sociaux. Il a expliqué que les anciennes recrues étaient de jeunes hommes blancs âgés de 16 à 25 ans, mais que les changements démographiques induisaient «qu’il n’y en [ait] pas autant que par le passé». «Notre société est en train de changer, et je pense que c’est tout à fait approprié pour nous d’essayer de toucher un public plus large, afin de recruter les talents dont nous avons besoin pour maintenir notre efficacité au combat», a-t-il déclaré le 10 janvier au micro de BBC Radio 4.

 

Le haut responsable militaire a aussi informé que les demandes d’inscription dans l’armée s’étaient accrues de 30 à 35% ces huit derniers mois. «C’est intéressant car nous recevons de nouveaux types de profils, c’est pourquoi nous devons ajuster notre approche pour qu'ils s'épanouissent une fois dans l’armée», a-t-il expliqué.

Les gens les plus intéressés par l'armée ne s'inquiètent pas de savoir s'ils vont être entendus ou s'ils vont pouvoir exprimer leurs émotions

Des détracteurs de la campagne de recrutement n’avaient pas tardé à exprimer leur opposition à celle-ci, certains dénonçant un supposé adoucissement de la politique interne de l’armée. En ce sens, le colonel Richard Kemp, ancien commandant des troupes britanniques en Afghanistan, a déclaré à la BBC : «Les gens les plus intéressés par l'armée ne s'inquiètent pas de savoir s'ils vont être entendus ou s'ils vont pouvoir exprimer leurs émotions... Ils vont être attirés par les images de combat.»

Des critiques ont également pointé du doigt le décalage supposé entre la réalité de l’armée, et l'image présentée dans les vidéos d'un havre d'ouverture d'esprit. Wayne Sharrocks, un ancien soldat qui fait aujourd’hui partie de l'ONG pacifiste Peace Pledge Union, a déclaré : «Les brimades physiques brutales sont répandues. La peur de remettre en question les ordres est instillée très tôt, tandis que l’armée utilise des techniques sophistiquées pour éliminer l’aversion de tuer. Ceci a des impacts négatifs sur la santé mentale des soldats.» Une réalité qui serait en décalage avec l'image de bienveillance qu'entend véhiculer la campagne.

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5 commentaires

  1. Posté par regardons autour de nous le

    On peut commander une femme, un homo, un musulman. On peut commander des femmes, des homos mais pas des musulmans !!!

  2. Posté par Claire le

    voilà qui est susceptible de freiner le « déclin » de l’armée britannique!!!

  3. Posté par SD-Vintage le

    Et ce sont les « conservateurs » qui sont au pouvoir.

  4. Posté par Léo C le

    Je me souviens de mes premières années dans l’armée, lors de la première guerre du Golfe (1990-91) où il nous était demandé (déjà) de masquer les marques visibles d’appartenance à une unité (badge entrée véhicule retiré, tenue civile privilégiée en quittant le travail) pour éviter les heurts éventuels en ville; déjà à l’époque.

    Déjà, à l’époque, des muzz s’insurgeaient sur notre engagement à entrer en guerre contre l’Irak, pays muzz.
    Bien que l’ayant quitté depuis longtemps, j’imagine ce que l’Armée en général doit affronter de nos jours.

    Et il faudrait encore en engager, histoire d’accélérer ce déclin ?

Et vous, qu'en pensez vous ?

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