Brésil, le retour de l’armée

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De notre correspondant en Amérique latine. Slalomant entre diverses procédures de mise en examen pour corruption, le président Michel Temer a signé vendredi 16 février un décret confiant la sécurité de la ville et de l’Etat de Rio de Janeiro à l’armée. L’Etat de Rio de Janeiro est le plus peuplé du Brésil avec 16 millions d’habitants, dont 6,5 pour la seule ville de Rio.

La situation le demandait après un carnaval de Rio désastreux, marqué par une multitude de braquages, de coups de main et de fusillades, avec une police impuissante, bien souvent cantonnée dans ses quartiers sous la menace des gangs. Si la violence et l’insécurité atteignent des sommets à Rio de Janeiro avec un taux de mort violente de 40 pour 100 000 habitants, tout le pays est touché. Une femme consul de France a même été violée alors qu’elle dormait chez des amis lors du carnaval de Tibau do Sul, une localité touristique prospère pourtant jugée sûre.

La signature du décret, nommé « intervention fédérale », est accompagnée de la création d’un ministère extraordinaire de la sécurité publique, véritable ministère de l’intérieur fédéral. Le commandement des forces de sécurité de Rio échoit au général Walter Souza Braga, déjà responsable de la sécurité de Rio lors des jeux Olympiques en 2016, lequel sera directement responsable auprès du président Temer et non auprès des autorités locales de Rio, comme il était de coutume. L’armée contrôlera également les services de pompiers, l’administration pénitentiaire et le renseignement, et elle pourra procéder à des arrestations si elle le juge nécessaire. C’est la première fois, depuis la fin du régime militaire en 1985, qu’une telle mesure est prise.

Faire revenir l’ordre

Dans une conférence de presse au ton volontariste, le président Temer a déclaré : « Nos prisons ne seront plus les quartiers généraux des criminels, et nos places publiques ne seront plus les lieux de réunion de la criminalité organisée. Le crime organisé a quasiment pris le contrôle de l’Etat de Rio de Janeiro, c’est un cancer qui s’étend dans tout le pays et qui menace la paix civile. Je sais que c’est une mesure extrême mais, par le passé, le Brésil a souvent eu recours à des mesures extrêmes pour faire revenir l’ordre. »

Si le président Temer tente de trouver une réponse au chaos, deux autres facteurs ont pu motiver sa décision. D’une part, la tenue des élections présidentielles en octobre prochain, des élections qu’il compte bien remporter malgré les sondages favorables à son concurrent direct, Jair Bolsonaro, un législateur et ancien capitaine de l’armée à la ligne dure. D’autre part, le gel, pour cause de crise militaire, du projet de loi sur la réforme des retraites, une loi très impopulaire que les marchés réclament.

Le parlement de Brasilia a dix jours pour valider le décret, ce qui devrait être une formalité car la sécurité est le problème politique prioritaire numéro 1 pour la très vaste majorité des Brésiliens.

Pierre Barbey

Photo : Le président brésilien Michel Temer : « Nos places publiques ne seront plus les lieux de réunion de la criminalité organisée. »

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