La libre circulation : le dogme de l’élite mondialisée

Albert Leimgruber
Rédacteur

La libre circulation : le dogme de l’élite mondialisée

 

L'organisation faîtière économique Economiesuisse considère l'initiative de limitation comme une menace pour la place économique suisse. Les grandes entreprises mondialisées qui sont repésentées par ce puissant lobby profitent grandement de la libre circulation des personnes. Cet accord sectoriel avec l’Union européenne leur permet notamment d’engager des jeunes cadres étrangers qui leur coûtent bien moins cher qu’un cadre suisse, ce qui garantissait à court terme, surtout aux patrons, une maximisation des profits. Le fait que cette pratique égoïste pousse des milliers de cadres suisses refoulés au chômage et finalement dans l'assistance sociale, n’inquiète pas les PDG. Ce sont les communes qui doivent supporter les coûts de la hausse de l'aide sociale.

 

C’est pourquoi Economiesuisse est le fer de lance des opposants à l’initiative de limitation. Un «modèle de réussite» avéré sous la forme de la libre circulation des personnes avec l'UE serait menacé par l'initiative de limitation, déplorent les dirigeants d'Economiesuisse.

 

Les profiteurs

A quoi ça ressemble, ce "modèle de réussite"? Qui promet le succès? Y a-t-il des inconvénients de la libre circulation des personnes? Qui porte les charges qui causent ces inconvénients?

 

Il est évident que ce sont avant tout les grandes multinationales qui bénéficient du système de libre circulation des personnes, car la libre circulation des personnes permet à ces entreprises de choisir librement parmi un nombre maximum de candidats de toute l'UE lorsque des postes vacants doivent être pourvus: ils peuvent embaucher une personne considérée comme «apte» au salaire le plus bas de l'UE. C'est tentant. Les PME et artisans suisses n’ont souvent pas la structure ni le pouvoir nécessaire pour « profiter » du systèmes de la libre circulation – du moins pas à la mesure des grandes entreprises.

 

Seulement: Même si une multinationale bénéficie du siège social suisse, les nouveaux engagés ne sont guère suisses. Au contraire, la libre circulation des personnes permet au groupe de remplacer des Suisses par des travailleurs de l'UE moins chers, qui, bien qu'ayant moins d'expérience, promettent quelque chose d'égal . En conséquence, les sociétés et leurs patrons bénéficieront sans aucun doute de profits plus élevés à court terme. C’est sans compter les économies que font les entreprises en renoncant à former les futurs cadres eux-mêmes.

 

Ce sont les Suisses qui payent la facture

Ces arguments sont rapidement balayés par les défenseurs de la libre circulation des personnes. Ils affirment qu’en tenant compte de la croissance actuelle de l'économie, ce remplacement des employés Suisses par des étrangers n'aurait aucune conséquence; les statistiques du chômage montrent une tendance à la baisse.

 

C'est vrai. Seulement: La tendance à la baisse est évidemment due principalement au fait qu’un nombre important de travailleurs suisses se retrouvent à l’aide sociale après avoir passé leur temps au chômage sans trouver de travail. Trop chers, ils sont désavantagés par rapport aux candidats plus jeunes et étrangers. Du coup, ils n’apparaissent plus dans les statistiques du chômage. Ils ne perçoivent plus l’assurance chômage qui est au moins financée partiellement par les entreprises pour se retrouver au social qui est financé par les communes. Pour nombre de cas, cette situation perdurera jusqu'à l'âge de la retraite.

 

Pour les entreprises et leurs patrons, ce système offre des avantages intéressants à court terme. Parce que les coûts conséquents du remplacement systématique des Suisses par des étrangers de l'UE sont donc principalement supportés par les communes et leurs contribuables. Les budgets sociaux des municipalités montrent également une croissance inquiétante - que les PDG peuvent ignorer face à leurs porte-monnaie bien remplis.

 

Les coûts cachés de la libre circulation

Un autre phénomène vient augmenter massivement la facture pour le contribuable suisse. Une phénomène qu’Economiesuisse évite sciemment.

 

Lorsqu’une entreprise sélectionne par exemple cinquante candidats de l’UE pour un poste vacant, elle choisira probablemenbt celui qui est le plus qualifié au salaire le plus bas. Il  restera donc quarante-neuf personnes n’ayant pas su convaincre. Peut-être que certaines de ces quarante-neuf personnes de l'UE trouveront un emploi en Suisse dans une autre entreprise suisse. Mais certains, peut-être même la majorité, se retrouvent sans travail. Vont-ils rentrer chez eux ? En partie peut-être, mais ils ont le droit de rester légalement en Suisse jusqu’à dix-huit mois en tant que demandeur d’emploi.

 

Qui paie pour ces personnes? Certainement pas les entreprises qui les ont rejetées. Une fois de plus ils sont à la charge de la communeauté. Les demandeurs d’emploi qui ont des enfants scolarisés restent souvent plus longtemps en Suisse.

 

La libre circulation des personnes est l’apogée d’une politique néolibérale à outrance qui maximise les profits à court terme des patrons des entreprises multinationales tout en socialisant les coûts à la communauté. Il s’agit en fait d’une redistribution des richesses des plus pauvres aux plus riches. Et toute la gauche unie soutient ce principe de libre circulation, devenu l’ultime dogme d’une classe politique globalisée travaillant pour une élite mondialisée, et méprisant le peuple et les décisions démocratiques qui ne leur conviennent pas.

Albert Leimgruber, 14.3.2018

 

 

8 commentaires

  1. Posté par Derek Doppler le

    Je vous rappelle le mantra du Vorort (c’est moche hein, mais c’est ça l’ancêtre de ploutocratiesuisse): la libre circulation c’est bien, le tourisme d’achat c’est vilain!

  2. Posté par miranda le

    MERCI SOCRATE
    Je ne connaissais pas cette Madame WAPLER qui fait dans sa vidéo, un portrait assez « étendu » de tous ces parasites du monde économique. Mais le système est tellement pourri que cela concerne à peu près tous les acteurs de l’économie, des états, de l’industrie, de la finance etc…
    La conférence de cette dame était très intéressante, mais pas assez longue pour développer des sujets « de haute intensité » comme celui là.
    JE CONSEILLE VIVEMENT A TOUS d’aller faire connaissance avec cette dame (qui a en plus de l’humour) dont le sujet de la vidéo vers laquelle vous m’avez menée était : COMMENT SURVIVRE A LA PARASITOCRATIE.

  3. Posté par miranda le

    CE PATRONAT MALSAIN PEUT DISPARAITRE.
    C’EST NOTRE FAUTE SI « LE NOURRISSONS » PAR NOTRE SUEUR ET NOTRE TRAVAIL.Comment se fait-il que des CADRES qui ont en général un niveau élevé d’instruction, une intelligence supérieure à la moyenne NE S’UNISSENT PAS POUR FORMER LE NOUVEAU PATRONAT. Et oui, un patronat « groupal ».

    DES CADRES commencent à se regrouper pour rassembler des idées, se motiver, chercher des pistes de création, comment se rendre utile à la société. J’en ai entendu parlé, j’ai lu des articles à ce sujet. Je regrette de n’avoir pas pris de notes.

    J’ai vu pas loin de chez moi des techniciens qui ont été au chômage, et qui ont fini par se regrouper, s’associer financièrement et METTRE UN PROJET DEBOUT ET QUI TIENT LA ROUTE. Ils vont vers leur 10 ans d’existence. Et en même temps, cette expérience a fait d’eux « des polyvalents » ce qui évite la monotonie du travail. Ils se paient honnêtement et en font autant avec leur employés.
    TANT QU’ON ACCEPTERA DE SE FAIRE FAUSSEMENT « PATERNER », CE PATRONAT PATERNANT ET DEVORANT, vous mangera jusqu’à l’OS.

    Quand on dit que 90 % de la richesse mondiale est entre les mains de 8 à 10 % d’individus, A QUI LA FAUTE ? LES PLUS INTELLIGENTS SE LAISSENT PIEGER.
    IL NOUS FAUT SORTIR DU PATRONAT PATERNANT ENFANT MALSAIN DU PATRIARCAT TOUT AUSSI MALSAIN.
    Les humains n’ont survécu sur cette terre, avant qu’il n’y ait la modernité, Qu’en fonctionnant en groupe. Des hommes et des femmes coopéraient pour la survie du groupe. Si nous sommes en vie, c’est grâce à cette organisation. Sinon, ce serait le silence sur cette planète. (silence des humains). ET les chefs de village n’étaient pas des tyrans, il y avait des échanges, ça communiquait beaucoup sur toutes les décisions à prendre, sinon ils se seraient fait virer par les villageois. ( à voir toutes les vidéo de Frédérique LOPEZ : rendez-vous en terre inconnue » qui montre ce qui nous a permis d’être présents aujourd’hui)

  4. Posté par Poulbot le

    libre circulation des personnes = immigration permanente de personne venant de pays sous instruis, sous payer , sous qualifier au seul bénéfice des actionnaires qui sont en générales des fond de pension américains . Les Européens sont plus bête que des chèvres pour accepter cela.

  5. Posté par Socrate@LasVegas le

    Bon article! L’ai imprimé pour le faire lire…avant de proposer de signer l’initiative « pour une immigration modérée ».

    Au sujet de l’initiative: je conseille de grouper les feuilles de signatures pour des envois en courrier A PLUS, sinon il y a risque que les enveloppes n’arrivent jamais à destination 😉
    (puisque l’adresse de renvoi mentionne le nom de l’initiative: PAS MALIN!)

  6. Posté par Hervé le

    Mon éternelle question: Pourquoi appelle-t-on « libre circulation des personnes » le libre accès à la main d’oeuvre européenne pour les employeurs et « Schengen » la possibilité pour les citoyens de circuler librement au sein des pays européens? On accepte le protectionnisme pour la télévision d’état, pour les assureurs, pour les banques… mais pas pour les plus fragiles dans l’économie: les citoyens. C’est le monde à l’envers.

  7. Posté par Bussy le

    Et à long terme, tous les Suisses sont au chômage et donc consomment de moins en moins et seuls des étrangers travaillent et investissent à l’étranger, chez eux ?
    Et les salaires des étrangers baissent, donc les impôts aussi, les charges sociales augmentent…. et alors comment la gauche pense pouvoir continuer à financer tout son bastringue de migrants ?
    Monde tombé sur la tête….

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